Quelles sont les caractéristiques de la génération Z ?

Philippe DONNART

Quelles sont les caractéristiques de la génération Z ? Quelles sont ses aspirations et ses attentes ? Est-elle si différente des générations qui l’ont précédée ? Comment appréhender l’arrivée de cette nouvelle génération sur le marché du travail ? Autant de questions auxquelles nous répondons dans cet article.

C’est quoi une génération ?

Du latin generatio : « engendrement, reproduction », le mot génération désigne un ensemble d’individus nés à la même époque, qui ont globalement le même âge. Pourquoi les médias et le monde de l’entreprise ont-ils repris ce terme ? Parce que les hommes et femmes qui vivent dans le « même temps » développent des attentes et un fonctionnement communs. En effet, les événements passés et l’environnement construisent les individus que nous sommes. C’est ce que nous allons montrer dans cet article sur la génération Z.

Générations X et Y

Les Générations X et Y partagent encore à l’heure actuelle l’open space avec la GenZ. La Génération X désigne les personnes nées entre 1966 et 1980 (+ de 56 ans), tandis que la Génération Y correspond aux personnes nées entre 1980 et 1995 (+ de 42 ans). Constituée des « digital natives », la Génération Y est née dans un contexte d’automatisation et a repensé le monde et l’entreprise autour du marketing et du digital.

Cependant, il est important de se saisir des descriptions de « générations » avec prudence, car peindre une homogénéité de fonctionnement entre les personnes sur le seul critère de la période de naissance est réducteur.

Génération Z

La génération Z se compose des personnes nées après 1995. Ces « zoomers » représenteront 50% des effectifs des entreprises en 2025 selon Elodie Gentina, auteure de « Génération Z : Des Z consommateurs aux Z collaborateurs ». Mais comment tracer un portrait des zoomers ? Voici un aperçu à travers deux axes : l’enfance et le travail.

Une enfance avec trois nouveaux rapports au monde

L’enfance est une étape clé dans le développement personnel d’un individu. Les événements et les expériences avec lesquels les Z ont grandi expliquent leur fonctionnement et leurs comportements actuels.

Nouveau rapport au temps
En 2004, tout s’accélère avec l’arrivée des réseaux sociaux. Les conversations deviennent « instantanées ». On like, on commente, on partage en un clic. Cela a transformé le cerveau des Z. Dans un entretien accordé à l’AFP, Olivier Houdé, directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant du CNRS-La Sorbonne (LaPsyDé), explique que l’exposition répétée aux écrans et aux réseaux sociaux a transformé le cerveau des Z. Les jeux vidéo et téléphones portables ont entraîné une zone bien précise du cortex préfrontal pour améliorer leur rapidité de décision, mais cela s’est fait au détriment d’une autre partie du cortex préfrontal, plus lente, qui favorise la prise de recul et résiste aux émotions. La Génération « instantanée » recherche de la réactivité parce que cela lui apporte une récompense biologique.

Nouveau rapport à l’espace
L’avènement d’Internet en 1993 a ouvert un nouveau monde. Les premiers zoomers, nés en 1995, ont donc toujours vécu avec le digital. Au-delà de l’aisance technologique, Internet a permis une nouvelle interaction avec le monde. On achète des produits en ligne, on s’informe, on communique et on travaille en ligne. La génération Z vit dans un monde hybride où le monde digital est au service du monde physique. Exemple : le GP Explorer, une compétition automobile réunissant 22 personnalités d’Internet organisée en 2022 par le Youtubeur Squeezie sur le circuit des 24h du Mans, a réuni 40 000 spectateurs physiques.

Nouveau rapport à la connaissance, à l’information
La naissance d’Internet en 1993 a entraîné une révolution pour l’accès à l’information. Pour la génération « ultra-connectée », la connaissance est accessible en un clic. Combien d’enfants ont remis en question l’autorité de leurs parents en cherchant sur Google pour confirmer une réponse ? Aujourd’hui, ce sont même les réseaux sociaux qui donnent accès à l’information. Selon un article de TechCrunch, en 2022, plus de 40% de la génération Z n’utilise plus Google, mais TikTok ou Instagram pour rechercher des réponses en ligne comme un restaurant, des symptômes de santé ou un emploi. Cependant, la génération Z doit faire la différence entre compétence et connaissance.

La génération Z au travail

Les « Z » représenteront 50% des effectifs des entreprises en 2025, mais en quoi sont-ils différents de leurs aînés au travail, la Génération Y ? Tout semble les opposer. Pourtant, ces deux générations partagent des aspirations professionnelles communes.

Aspirations communes à la génération Y
Les crises économiques et environnementales ont façonné les aspirations des Y et Z. La quête de sens et la balance entre vie pro et perso sont essentielles pour ces générations. Le télétravail est un « droit acquis » pour les Z. La crise du coronavirus de 2019 a accéléré cette tendance. Après 2 ans d’études à distance, un jeune diplômé ne demande plus « Vous avez du télétravail ? » mais plutôt « Combien de jours de télétravail proposez-vous ? ».

Les années 2000 sont également marquées par la prise de conscience écologique. Le réchauffement climatique blesse la planète et revient dans les bureaux des entreprises qui l’ont engendré. Les collaborateurs Y comme Z veulent s’engager pour la planète, l’inclusion, la diversité. C’est ce que tous les médias appellent : « la quête de sens ». Pourquoi je fais ce travail ? Quelles sont les valeurs de mon entreprise ?

Pour cela, plus de transparence, d’engagements et d’inclusion seront nécessaires. L’Etudiant a interrogé les étudiants des grandes écoles et universités lors du classement des 2022-2023 des grandes entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés. Lorsqu’ils ont dû hiérarchiser les cinq critères les plus importants dans un travail, plus d’un sur deux place en première position la rémunération. C’est une attente que partage évidemment la génération Y.

Un fonctionnement ultra-connecté

Si la génération Y est connectée, la génération Z est ultra-connectée. Elle préfère les canaux de communication directe comme les messageries instantanées (Slack, Microsoft Teams, ou Rocket.Chat). Si les tâches et les résultats sont trop longs, elle aura tendance à se décourager. La génération Z est sensible aux feedbacks rapides et réguliers du manager. La relation du manager avec les Z est effectivement transformée. Pour la GenZ, la connaissance est accessible en un clic, le manager n’est plus légitime pour son expérience, mais pour sa capacité à challenger, montrer l’exemple et favoriser la montée en compétences de son équipe. Imposer son autorité ne résoudra rien. La GenZ veut avoir son mot à dire sur tout, si les règles ne sont pas expliquées, elle n’hésitera pas à les contourner. On assiste avec la GenZ au passage d’une autorité imposée à une autorité choisie.

Ce besoin de reconnaissance dans son travail et une certaine indépendance dans ses actes expliquent pourquoi les Z sont souvent décrits comme une génération d’entrepreneurs. Les Z sont friands des entreprises qui laissent la possibilité de l’entrepreneuriat. Pour finir, la génération Z est profondément sociale et communautaire. Prenons l’exemple de ces moins de 30 ans le nez sur leur écran dans le métro, qui sont en fait en relation avec des milliers d’autres via les réseaux sociaux Instagram ou TikTok. Airbnb et Uber, nés en 2009, ont réinventé la façon dont nous interagissons avec les produits, les services et les autres, créant une nouvelle économie : l’économie du partage. Les entreprises qui mettent uniquement en place l’outil Teams pour collaborer et n’intègrent pas le partage dans leur culture ont du mal à fidéliser les Z.

Pour les Z, le bureau n’est plus l’unique espace de travail, mais il est bien utile pour se retrouver, socialiser et collaborer en équipe.

Conclusion

La Génération Z a les mêmes aspirations que les générations précédentes. Ce qui la différencie, c’est son nouveau mode de fonctionnement. Son enfance dans un monde ultra-connecté et incertain justifie ses attentes différentes dans l’expérience candidat et l’expérience collaborateur. Pour intégrer et fidéliser la GenZ, les entreprises doivent transformer certaines méthodes de communication, processus de recrutement et pratiques RH.