Bordeaux : Vins verts en bouteilles lourdes

Philippe DONNART


L’industrie du vin est confrontée à un défi majeur : réduire l’utilisation de verre, qui est responsable d’une grande partie des émissions de CO2. Chaque année, des centaines de millions de bouteilles sont produites par la filière viticole. Cependant, il est nécessaire de trouver des solutions alternatives pour diminuer l’impact environnemental de cette activité. Cela requiert une réflexion profonde et des actions concrètes pour repenser le conditionnement et l’emballage du vin, tout en préservant sa qualité et son attractivité. Des innovations technologiques et des initiatives durables sont nécessaires pour relever ce défi colossal et préserver notre planète.

La filière viticole bordelaise veut réduire son empreinte carbone

La filière viticole bordelaise s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et cible son plus gros point noir : le verre. En effet, selon un rapport de l’interprofession « Face au changement climatique », le verre représente plus de 20% des émissions de CO2 de la filière, contre 14% pour le fioul et 3,61% pour le fret aérien.

Chaque année, en période de bonne récolte, plus de 500 millions de bouteilles sont produites, soit environ 200 000 tonnes de verre. Pour atteindre son objectif de réduction de 10% d’ici 2030, la filière viticole bordelaise souhaite travailler sur le poids des bouteilles, qui a déjà diminué de 12% entre 2007 et 2019, passant de 503 à 443 grammes en moyenne. Des discussions avec les verriers ont été lancées pour alléger davantage les bouteilles. De plus, l’interprofession souhaite favoriser l’utilisation de débris de verre dans les bouteilles en augmentant le taux de calcin de 75 à 85%.

Il existe cependant quelques alternatives au verre, telles que le « bag in box » (BIB), les bouteilles en carton ou les canettes, mais elles restent marginales. La bouteille en verre est indissociable de l’image du vin et est souvent considérée comme un argument marketing. Pourtant, certains estiment que les grandes marques devraient se mettre d’accord pour changer les pratiques et favoriser des solutions plus respectueuses de l’environnement.

En attendant une potentielle révolution dans le monde du vin, des initiatives locales se développent. Au château Chillac, dans l’Entre-deux-Mers, le vigneron pirate Laurent Cassy travaille sur une cuvée spéciale qui pourrait être consommée sur plusieurs jours, afin de limiter le gaspillage. Par ailleurs, des projets tels que l’association Reverredir ou l’industriel Luz Environnement promeuvent le recyclage et la réutilisation des bouteilles.

Il est également important de mentionner les avancées des professionnels du verre eux-mêmes. La verrerie OI Glass de Vayres a récemment investi dans un nouveau four permettant de réduire les émissions de CO2.

La filière viticole bordelaise fait ainsi preuve d’une prise de conscience de plus en plus marquée quant à son impact sur l’environnement, et cherche à mettre en place des solutions durables pour réduire son empreinte carbone.