Découvrez les pionniers des réseaux sociaux avant Facebook !

Philippe DONNART

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Chaque samedi, l’historien Fabrice d’Almeida offre une nouvelle perspective sur l’actualité. Le samedi 3 février, il a abordé le sujet des réseaux sociaux avant l’avènement de Facebook.

20 ans de Facebook : Mark Zuckerberg s’excuse suite à une affaire de rumeurs

Alors que Facebook célèbre ses 20 ans ce week-end, le PDG Mark Zuckerberg s’est récemment excusé auprès des victimes des dangers liés à l’utilisation de son réseau social. Cependant, il ne faut pas se leurrer : même avant l’existence des réseaux sociaux numériques, d’autres types de réseaux circulaient parfois des informations dangereuses. Depuis le début de l’humanité, le plus grand réseau social a été celui de la parole, qui transmet des informations parfois vraies, parfois fausses. Il s’agit de la rumeur, présente depuis plusieurs siècles. En France, ces rumeurs ont été grandioses, sublimes et ont même fait trembler le pouvoir, démontrant l’existence d’une opinion publique qui critiquait le pouvoir naissant des premiers médias.

La grande affaire de 1750 à Paris

L’affaire la plus marquante de rumeur en France s’est déroulée en 1750 à Paris. Une rumeur effrayante circulait, affirmant que des enfants étaient enlevés pour être menés à Versailles, où le roi et les riches nobles prenaient des bains dans leur sang pour rester jeunes. Bien évidemment, cette rumeur était fausse, mais sa nature incroyable la rendait crédible pour beaucoup. En parallèle, des enfants délinquants étaient retirés des rues sur ordre du lieutenant général de police Berryer, mais des erreurs d’interprétation ont conduit à des enlèvements d’enfants qui ne devaient pas l’être, suscitant l’inquiétude et les plaintes des parents. C’est ainsi que la rumeur des enlèvements d’enfants a commencé.

La rumeur du policier qui enlève un enfant

La rumeur a atteint son point culminant lorsque le policier Labbé a arrêté un enfant près du Pont-Marie, provoquant la panique parmi les habitants qui ont cru à un enlèvement d’enfant. Une foule s’est rapidement rassemblée, la pression montant rapidement. Labbé, pris de peur, a tenté de fuir, provoquant une course-poursuite jusqu’aux combles d’un immeuble, où il a été frappé à mort par ses poursuivants. Son corps a été exhibé comme preuve de justice, avant que le roi et les officiers de la ville n’interviennent pour calmer la foule.

La panique parisienne s’est rapidement propagée en province, huit jours plus tard à Tours, où des passants ont été arrêtés et brutalisés sur la base de la même rumeur. Ces réactions en chaîne ont démontré l’impact des fausses informations sur la vie publique, une forme d’infox. Un mécanisme similaire s’est également produit lors de la Grande Peur de 1789, lorsque des Français, tout juste entrés en Révolution, ont pillé des châteaux et des édifices officiels sur la base de rumeurs infondées de répression par des soldats étrangers, menées par la royauté. Ces rumeurs ont marqué l’histoire de France en changeant le cours de la Révolution du peuple français.