Plages hivernales : prêtes à lutter ?

Philippe DONNART


L’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine a réalisé une évaluation du stock de sable présent sur les différentes plages de la région à l’issue de la période estivale. Les résultats obtenus révèlent une répartition non uniforme de ce stock d’un extrême nord à un extrême sud de la région. En effet, la situation est quelque peu déficitaire en Charente-Maritime, alors qu’elle se situe dans une moyenne acceptable en Gironde et qu’elle est jugée satisfaisante dans les Landes. Ainsi, ces variations géographiques soulignent l’importance de la prise en compte de chaque spécificité locale dans la gestion du littoral de Nouvelle-Aquitaine.

L’évolution des plages, de leur sable et de leur côte est un phénomène complexe et dynamique. Comme l’écureuil, la plage amasse et disperse ses réserves tout au long de l’année. Alors que l’écureuil stocke des noisettes, la plage, quant à elle, accumule des sédiments, principalement du sable, amenés par les vagues estivales. Cette accumulation de sédiments est observée sur le littoral de la Nouvelle-Aquitaine, en particulier sur les îles de la Charente-Maritime et entre l’embouchure de la Gironde et l’embouchure de l’Adour.

L’hiver, les tempêtes et les vents violents arrachent le sable et le transportent au large. Au printemps et en été, les vagues plus calmes ramènent le sable sur les plages. Ce mouvement constant et perpétuel est étroitement surveillé par l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine (OCNA). Chaque année, le bilan montre un déficit de sédiments, avec plus de pertes en hiver qu’en été. Ce déficit affecte le rôle de protection des plages envers les dunes littorales, qui sont attaquées par l’océan pendant la mauvaise saison. Cela entraîne une érosion et un recul du trait de côte.

Pour lutter contre ce recul, des stratégies sont mises en place. Dans le Médoc, par exemple, d’importants chantiers sont engagés. Cependant, ces efforts ont un coût élevé pour les collectivités locales, comme le souligne un rapport de la Chambre régionale des comptes. La députée Sophie Panonacle, présidente du Conseil national du trait de côte, fait également part de ses préoccupations et réagit au rapport de la chambre des comptes.

En ce qui concerne la Charente-Maritime, la situation est particulièrement préoccupante. Les évaluations annuelles montrent des disparités importantes entre les plages de la Charente-Maritime, de la Gironde et des Landes. Les plages de l’île de Ré, de l’île d’Oléron et de la presqu’île d’Arvert sont particulièrement touchées par le déficit de sédiments. Des plages comme Ars-en-Ré, Sainte-Marie-de-Ré, Dolus-d’Oléron, Vensac et Lacanau présentent un net manque de sable. Cependant, les perspectives sont plus encourageantes au sud du bassin d’Arcachon, à l’exception de certaines plages de La-Teste-de-Buch.

L’année 2023 a été marquée par des conditions exceptionnelles pour le déplacement des sédiments. L’hiver a été calme, avec peu de perturbations pour le cordon dunaire. Cependant, le retour du sable a été moins important que prévu cet été. Les conditions de mer difficiles ont provoqué une perte de 1,5 mètre de plage à Biscarrosse entre fin juin et fin juillet.

Malgré ces observations, il est difficile de prévoir si l’hiver prochain sera plus agité que le précédent. Cependant, certains espèrent que les défenses naturelles du littoral seront suffisantes pour faire face à d’éventuelles tempêtes.

En résumé, la gestion et la préservation des plages et du littoral restent des enjeux importants pour les autorités régionales. L’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine continue de surveiller de près l’évolution des plages et de la côte, afin de mieux comprendre ces phénomènes et de prendre les mesures appropriées pour protéger ces précieux écosystèmes côtiers.