Rémy: « Choc nucléaire en Europe : les 27 se battent pour révolutionner le marché énergétique ! »

Philippe DONNART


L’objectif principal est de réduire les coûts de l’électricité pour les particuliers et les entreprises, suite à l’augmentation significative des prix de l’an dernier. Pour y parvenir, il est prévu de proposer des contrats de long terme, qui permettraient de répartir l’impact de la volatilité des cours du gaz sur une période plus étendue. Cette stratégie vise à atténuer les variations brusques des tarifs et à offrir une stabilité financière aux consommateurs. En optant pour des contrats à long terme, les ménages et les entreprises pourraient bénéficier de factures plus prévisibles et éviter ainsi les surprises désagréables liées aux fluctuations des prix du gaz. Il s’agit donc d’une mesure visant à garantir une certaine sécurité économique et à améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs.

Les négociations sur la réforme du marché européen de l’électricité toujours bloquées

Les discussions sur la réforme du marché européen de l’électricité sont dans l’impasse en raison des divergences entre la France et l’Allemagne concernant le soutien au nucléaire. Les ministres de l’Énergie des Vingt-Sept sont réunis à Luxembourg pour tenter de trouver une solution, une semaine après une rencontre entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, qui avaient prévu de conclure un accord d’ici la fin du mois.

La présidence espagnole de l’Union européenne a proposé de supprimer complètement du texte la question controversée du soutien aux centrales nucléaires existantes, ce qui ne satisfait ni la France ni l’Allemagne. Les autres pays européens attendent un compromis entre les deux plus grandes puissances de l’UE. La ministre autrichienne de l’Environnement, Leonore Gewessler, s’est montrée optimiste quant à la conclusion d’un accord, affirmant que la question des distorsions de concurrence était désormais au cœur des négociations.

Une réforme pour faire baisser les factures

Le texte de la réforme vise à réduire les factures d’électricité des ménages et des entreprises en utilisant des contrats de long terme pour atténuer la volatilité des prix du gaz. Il a également pour objectif d’apporter davantage de prévisibilité aux investisseurs en prévoyant que tout soutien public aux nouveaux investissements dans la production d’électricité décarbonée se fera par le biais de contrats à prix garanti par l’État. Selon ce mécanisme, si le prix du marché de gros dépasse le prix fixé, le producteur d’électricité doit reverser les revenus supplémentaires à l’État, qui peut ensuite les redistribuer. Dans le cas contraire, c’est l’État qui doit compenser le producteur.

Bruxelles souhaitait étendre ce mécanisme aux investissements visant à prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes. Cette question est cruciale pour la France, qui cherche à rénover son parc nucléaire vieillissant tout en maintenant des prix bas, un atout majeur pour son industrie. Cependant, l’Allemagne, qui a abandonné le nucléaire, craint une concurrence déloyale de l’électricité française, rendue plus compétitive grâce à un soutien public massif.

Les enjeux de compétitivité

La compétitivité des industriels européens est une préoccupation majeure, compte tenu de l’augmentation des prix de l’énergie et des subventions massives accordées aux industries vertes aux États-Unis. Le groupe public français EDF, fortement endetté, bénéficie de garanties de l’État qui lui permettent de soutenir les prix de l’électricité, ce que les acteurs du secteur en Allemagne, tous privés, ne peuvent pas faire. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a demandé des éclaircissements sur ce point dans la réforme.

L’Allemagne, soutenue par l’Autriche et le Luxembourg, demande également un encadrement strict de la redistribution des recettes issues des contrats pour la différence relatifs au nucléaire existant, en particulier auprès de l’industrie. La France, quant à elle, souhaite bénéficier de ses choix énergétiques à long terme, notamment pour stabiliser l’intermittence des énergies renouvelables en Europe.

En l’absence d’un accord européen, la France envisage de prendre des mesures unilatérales. Le président Emmanuel Macron a menacé de reprendre le contrôle des prix de l’électricité en France. Cette bataille franco-allemande sur la question du nucléaire se poursuit également dans d’autres textes européens en cours de négociation, tels que le règlement sur les industries vertes et les règles sur la production d’hydrogène propre.

De nouveaux sujets de débat

En plus des questions sur le soutien au nucléaire, les ministres de l’Énergie européens se pencheront également sur les « mécanismes de capacité ». Ces mécanismes permettent aux États de rémunérer les capacités inutilisées des centrales électriques pour garantir leur maintien en activité et éviter d’éventuelles pénuries d’électricité. Certains pays souhaitent être exemptés des contraintes environnementales liées à ces mécanismes, comme la Pologne qui souhaite pouvoir les utiliser pour ses centrales à charbon.

Il reste donc encore beaucoup de discussions à mener avant de parvenir à un accord sur la réforme du marché européen de l’électricité. Les points de divergence entre les États membres doivent être résolus afin de trouver un compromis qui satisfasse tous les acteurs concernés et qui permette de faire progresser la transition énergétique en Europe.