Scandale : la main-d’œuvre étrangère exploitée au Québec, dénoncée dans « Dissidente » !

Philippe DONNART


Le réalisateur Pier-Philippe Chevigny a consacré dix années à l’élaboration de cette œuvre de fiction qui met en lumière les abus qui se produisent dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires du Québec, tout en soulignant les limites de son exposition. Ce film exceptionnel s’attarde sur des enjeux complexes et importants.

Le Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz dénonce les abus du Programme des travailleurs étrangers temporaires

Un grand moment de cette 10e édition du Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz a été partagé par le public du cinéma Le Select jeudi 5 octobre devant le film « Dissidente (Richelieu) », signé Pier-Philippe Chevigny. Dans ce premier long métrage bouleversant, le réalisateur québécois se sert de la fiction pour dénoncer les abus du Programme des travailleurs étrangers temporaires, un système institutionnalisé au niveau fédéral qui permet aux entreprises agroalimentaires d’importer de la main-d’œuvre étrangère bon marché.

Fruit de dix ans de travail de collecte de témoignages, ce film « inspiré d’histoires vraies » tourne autour du personnage d’Ariane Castellanos, une traductrice d’origine guatémaltèque qui découvre qu’elle fait partie d’un système d’exploitation et décide de se rebeller autant qu’elle le peut contre ce système.

Le synopsis du film raconte l’histoire d’une jeune femme nouvellement embauchée en tant que traductrice français-espagnol dans une usine employant des ouvriers guatémaltèques. Elle entreprend avec eux une résistance quotidienne pour lutter contre l’exploitation dont ils sont victimes.

Le réalisateur, militant dans l’âme, souhaitait à l’origine faire un documentaire sur le sujet. Cependant, il craignait les représailles des travailleurs exploités et a donc été contraint de passer par la fiction pour dénoncer la vérité. Malheureusement, il y a certaines choses qu’il ne peut pas dire par peur de poursuites en diffamation.

Pier-Philippe Chevigny met également en avant le rôle fondamental joué par Ariane Castellanos, une actrice d’origine guatémaltèque, qui l’a beaucoup aidé à s’informer sur le sujet et a même servi de traductrice lors d’une visite au Guatemala pour rencontrer des travailleurs.

Le film aborde également la notion d’acceptation des conditions révoltantes dans lesquelles se trouvent les travailleurs immigrés. Selon le réalisateur, tout le monde est à la fois victime et complice d’un système injuste.

Interrogé sur la prise en compte de ces dérives à l’échelle du Québec, Pier-Philippe Chevigny explique qu’un groupe de défense des droits des travailleurs a récemment intenté une action collective contre le gouvernement pour tenter de régler ce problème une fois pour toutes. Il souligne également l’importance de réformer le Programme des travailleurs étrangers temporaires afin d’empêcher les abus tout en maintenant l’apport de main-d’œuvre étrangère nécessaire au marché du travail.

Malgré la sombritude de la situation, le réalisateur garde espoir et encourage les personnes du monde entier à agir contre ce système globalisé.

Le film, déjà sorti au Québec, sera disponible dans les salles françaises en avril 2024. Une sortie à ne pas manquer pour se sensibiliser aux abus du Programme des travailleurs étrangers temporaires.