Sécheresse : Alarmante baisse de 66% des nappes phréatiques, un danger imminent ?

Philippe DONNART


Le mois de septembre marque un tournant essentiel, propice au rechargement des nappes phréatiques. Cependant, cette année, l’arrivée d’une chaleur automnale exceptionnelle ainsi qu’un manque de précipitations perturbent ce processus essentiel.

Les nappes phréatiques en danger : une situation alarmante

Les nappes phréatiques françaises sont en souffrance depuis plusieurs mois et la situation ne fait qu’empirer. En effet, l’inhabituelle chaleur automnale et les pluies insuffisantes ont retardé le début de leur période de recharge, traditionnellement en septembre, rendant très incertaine leur situation pour le mois d’octobre. Cette situation préoccupante suscite déjà des inquiétudes pour l’année 2024.

Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance des principales réserves d’eau potable en France, a annoncé que, au 1er octobre, 66% des nappes métropolitaines étaient encore en dessous des normales. Ce chiffre est légèrement plus élevé qu’à la fin du mois d’août, où 62% des nappes étaient en dessous des normales.

Malgré les orages survenus mi-septembre qui étaient censés favoriser la recharge des nappes, la situation continue de se dégrader. En effet, 18% des points d’observation sont à des niveaux très bas. Néanmoins, le BRGM souligne que la situation est globalement plus favorable qu’en 2022 où 74% des niveaux étaient mesurés sous les normales. Certaines régions ont bénéficié des pluies du printemps et de l’été, ce qui a permis de recharger partiellement certaines nappes, notamment en Seine-Maritime, dans le Pas-de-Calais et sur la façade Atlantique. Cependant, en Charente, dans le Massif central et dans le sud-est, les pluies de la mi-septembre n’ont pas eu d’impact visible.

La végétation est encore active, du fait de températures élevées, et consomme une partie de l’eau infiltrée »

La situation est particulièrement préoccupante dans les régions méditerranéennes, dans le couloir Rhône-Saône et dans le sud de l’Alsace. Environ les deux tiers des départements métropolitains sont toujours en alerte rouge pour la sécheresse, entraînant d’importantes restrictions d’accès à l’eau.

Septembre marque normalement le début de la reprise de la recharge des nappes, mais cette année, les pluies infiltrées en profondeur restent faibles en raison du manque de précipitations et des épisodes orageux qui favorisent le ruissellement. De plus, la végétation est encore active en raison des températures élevées et consomme une partie de l’eau infiltrée.

Un manque de précipitations inquiétant

Le mois de septembre a été le plus chaud jamais mesuré en France, avec des températures dépassant les 30°C. De plus, depuis le début du mois d’octobre, il n’a presque pas plu. Le mois de septembre a déjà enregistré un déficit de précipitations moyen de 20%, ce qui favorise l’assèchement des sols.

Le BRGM estime que les températures douces risquent de retarder la mise en dormance de la végétation, ce qui aura un impact sur la recharge des nappes. Il est peu probable de compenser les déficits accumulés depuis plusieurs années et de retrouver des niveaux normaux en 2024 pour les nappes qui affichent déjà des niveaux très bas à l’étiage, comme celles de la Sundgau en Alsace et du couloir Rhône-Saône.

La situation des nappes phréatiques en France est alarmante et nécessite des mesures urgentes pour préserver cette ressource essentielle. Les autorités doivent prendre des mesures pour sensibiliser la population à l’importance de la gestion de l’eau et mettre en place des restrictions appropriées pour éviter une pénurie.