Stellantis: les Ouvriers écoeurés par le salaire de Tavares

Philippe DONNART


Le montant potentiel de la rémunération du directeur général pour l’année 2023 s’élève à 36,5 millions d’euros. Cette rémunération sera examinée et soumise au vote des actionnaires lors de l’assemblée générale qui se tiendra à Amsterdam le mardi. Cependant, cette annonce n’est pas bien accueillie par les salariés, provoquant des mécontentements au sein de l’entreprise.

Scandale chez Stellantis : la rémunération exorbitante de Carlos Tavares fait grincer des dents

À la sortie de l’usine Stellantis de Poissy, dans les Yvelines, peu d’employés acceptent de réagir au micro sur la rémunération annoncée du patron du groupe, Carlos Tavares. Les actionnaires sont appelés à donner leur avis sur la rémunération du directeur général du géant industriel, qui suscite une nouvelle fois la controverse. Quelque 36,5 millions d’euros, c’est la somme totale que pourrait toucher le patron du quatrième groupe automobile mondial, selon le rapport financier annuel de l’entreprise.

Un homme de 56 ans, qui travaille à la logistique, finit par donner son accord. Il perçoit chaque mois 2 000 euros nets de salaire, bien loin des millions du grand patron. « On ne va pas se comparer à lui, mais… c’est abominable », juge-t-il.

« Gavage, indécent… », lâche Thomas, un peu plus loin. À 51 ans, cet opérateur sur la ligne de production « touche 2 100 euros avec 22 ans d’ancienneté » : « C’est bien gentil de ne pas nous en donner plus, mais il ne faut pas nous en demander plus de l’autre côté. Parce que c’est ce qui se passe en ce moment. Ils n’en ont jamais assez. Il en faut toujours plus ! », conclut-il.

Même sentiment de colère du côté des syndicats. « 36,5 millions d’euros ça fait 100 000 euros par jour, calcule Jean-Pierre Mercier, délégué Sud de l’usine de Poissy. « Ce sont ces personnes-là, actionnaires et PDG, qui nous disent à nous, ouvriers, qu’on coûte trop cher ».

Le groupe Stellantis fait valoir que le salaire de Carlos Tavares « dépend à 90% de la performance du groupe ». Or, « il se porte bien » avec un bénéfice record de 18,6 milliards d’euros l’an dernier. La rémunération de DG, en hausse de 56%, « est donc proportionnelle aux bons résultats réalisés par le constructeur », estime le groupe qui, pour contrer les critiques, met lui en avant la prime d’intéressement de 3 700 euros nets reçue cette année par les salariés.

Dans ce contexte tendu, la question de la rémunération des grands dirigeants et de l’écart grandissant avec les salariés de base est au cœur des débats. Cela soulève des interrogations sur la justice sociale au sein des grandes entreprises et alimente la réflexion sur une éventuelle régulation des rémunérations des PDG. La situation chez Stellantis illustre les tensions et les inégalités persistantes dans le monde du travail.