Un futur durable pour le nautisme de masse ? Découvrez l’avis d’un proche de Jancovici à La Rochelle !

Philippe DONNART


Matthieu Auzanneau, le directeur du think tank The Shift Project, estime que l’attitude consistant à ne pas envisager un avenir où les ressources énergétiques sont limitées est une stratégie vouée à l’échec.

La notoriété de Jean-Marc Jancovici, scientifique influent sur les questions de dérèglement climatique, se propage rapidement. Lors de ses conférences à La Rochelle les 27 et 28 septembre, Matthieu Auzanneau, directeur de The Shift Project, a pu observer l’engouement du public venu l’écouter. Derrière son apparence décontractée, Jancovici, ancien journaliste et auteur d’un livre remarqué sur le pétrole en 2015, sait comment convaincre de la nécessité de sortir des énergies fossiles.

Lors de son discours, Auzanneau a souligné les conséquences à court terme de la fin de l’abondance sur des territoires comme la Charente-Maritime. Il compare la situation à une boule à neige, où nous sommes maintenant secoués et où il est important de comprendre notre position et d’agir en conséquence. Les agriculteurs de la région, dépendants des énergies fossiles pour leur modèle agricole, sont conscients de leur vulnérabilité.

Jancovici soulève également la question de l’avenir du nautisme dans un monde bas carbone. Les bateaux étant dérivés du pétrole, les coûts de production seront affectés par la raréfaction du pétrole et des alternatives telles que le bioplastique seront également limitées.

Il est primordial pour les décideurs politiques et économiques de la Charente-Maritime de réfléchir à la manière de se libérer de la contrainte carbone tout en évitant les conséquences sociales néfastes. Il faut se poser des questions sur l’avenir de l’ostréiculture avec l’acidification des eaux, sur l’agriculture et sur le tourisme énergivore.

Se projeter dans un monde bas carbone nécessite une réflexion stratégique pour ajuster les modèles d’affaires locaux. Cependant, trouver des solutions dans un monde complexe peut sembler kafkaïen. D’un côté, les décideurs encouragent la sobriété énergétique en densifiant les villes, tandis que de l’autre côté, la montée des eaux menace les côtes.

Il est indéniable que l’urgence climatique est la tragédie de notre temps et que des actions sont nécessaires pour s’adapter. Le statu quo n’est pas une option. Jancovici souligne qu’il est important de prendre des mesures concrètes pour sortir des énergies fossiles et de ne pas fermer les yeux sur les problèmes qui se posent.

Reflétant les idées de Jancovici, Auzanneau met également en évidence l’importance de l’électrification des transports de marchandises et des conditions nécessaires pour un bonus écologique automobile.

Quant à la neutralité carbone à l’horizon 2040 que le territoire rochelais s’est fixé comme objectif, Jancovici souligne que cela n’a pas de sens si l’on considère le territoire comme une île isolée. Il est essentiel de comprendre que l’économie locale est connectée au monde entier et que la transition vers les énergies renouvelables doit être pensée à différentes échelles.

En ce qui concerne le tourisme énergivore, Jancovici met en avant le potentiel d’un tourisme local plus axé sur le marché français, où les capacités d’accueil sont moins coûteuses que dans des destinations touristiques internationales.

Le changement ne peut se faire sans efforts et concessions de la part de tous. Refuser de se projeter dans un monde contraint en énergie est une stratégie vouée à l’échec. Il est nécessaire d’apporter des changements à nos modes de consommation, mais aussi de développer les capacités de production d’énergie nécessaire.

La transition vers un monde bas carbone présente des défis complexes, mais il est essentiel d’agir rapidement pour éviter les conséquences désastreuses du dérèglement climatique. Les discours de Jancovici et Auzanneau nous rappellent l’urgence d’agir pour créer un avenir plus durable.