Choc au Bourget : 13 écologistes jugés après une action inédite d’Attac et Extinction Rebellion

Philippe DONNART


Le vendredi précédent, les activistes avaient réussi à ouvrir un grillage à l’aide d’une meuleuse. Suite à cela, ils avaient procédé à la plantation d’arbustes fruitiers sur le tarmac de l’aéroport et avaient également détourné un panneau pour le placer juste devant le portail.

Des militants écologistes jugés en octobre 2024 pour une action à l’aéroport du Bourget

Treize militants écologistes, membres d’Attac et d’Extinction Rebellion, seront jugés en octobre 2024 à Bobigny pour une action qu’ils ont menée à l’aéroport du Bourget, en Seine-Saint-Denis. Ils sont accusés d’intrusion non autorisée en réunion sur zone aéroportuaire, de dégradations en réunion, d’entrave à la circulation d’un aéronef et de refus de se soumettre aux prélèvements biologiques, selon le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais.

Le 17 octobre 2024, ces militants se sont rendus sur la plateforme de l’aéroport du Bourget, principalement utilisée par les jets privés. Après avoir ouvert un grillage à la meuleuse, ils ont planté des arbustes fruitiers et ont modifié un panneau portant l’inscription « Zone militaire protégée » pour y écrire « Zone de crimes climatiques ». Ils ont également dispersé de la poudre colorée, déposé des bottes de paille et déployé des banderoles avec des slogans tels que « Ne laissons pas les ultrariches détruire la planète » et « Non aux jets privés – Oui aux arbres fruitiers ».

Cette action a duré environ vingt minutes avant qu’une militante ne prévienne les gendarmes. Ces derniers sont rapidement intervenus pour détruire les installations mises en place par les militants.

Une action pour dénoncer l’inaction climatique gouvernementale

Les militants écologistes ont expliqué que leur action visait à mettre en évidence le potentiel de l’espace de l’aéroport du Bourget pour des utilisations plus bénéfiques, contrairement à l’utilisation climaticide des jets privés par les ultrariches. Selon Raphaël Pradeau, militant et ancien porte-parole d’Attac, la désobéissance civile est légitime lorsque le gouvernement ne prend pas des mesures suffisantes pour lutter contre le changement climatique. Il a déclaré : « D’un côté, on demande à la population de faire des efforts et de l’autre rien n’est fait pour empêcher les ultrariches d’avoir des pratiques qui conduisent à détruire la planète ».

Cette action n’est pas la première du genre à l’aéroport du Bourget. En septembre 2022, des militants d’Attac et d’Extinction Rebellion avaient déjà bloqué l’accès à un terminal pendant près de deux heures. Onze d’entre eux ont été condamnés à des amendes allant de 300 à 500 euros par le tribunal correctionnel de Bobigny, mais ils ont fait appel de cette décision.

Une proposition de loi sur l’interdiction des jets privés

Cette action des militants écologistes intervient alors qu’une proposition de loi sur l’interdiction des jets privés est discutée à l’Assemblée nationale. Bien qu’elle n’ait aucune chance d’être adoptée, cette proposition de loi reflète le débat toujours vif autour de l’impact environnemental de ces avions utilisés par les ultrariches.

L’interdiction des jets privés est une mesure souvent proposée par les militants écologistes dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre causées par l’aviation. Cependant, cette proposition est également critiquée pour son impact sur l’industrie de l’aviation et sur la mobilité des personnes fortunées.

Il reste à voir comment cette proposition de loi et les actions des militants écologistes contribueront au débat sur les mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique et préserver l’environnement.