Crise immobilière : taux d’intérêts en hausse, crédits en baisse

Philippe DONNART


D’ici la fin de l’année, il est prévu que les transactions immobilières connaissent une baisse allant de 15 à 30%, et même jusqu’à 40% pour les constructions neuves. Beaucoup de professionnels n’hésitent plus à évoquer la possibilité d’un krach immobilier, qui pourrait provoquer des conséquences en cascade.

Les prix immobiliers montent en flèche : les acheteurs doivent revoir leurs projets à la baisse

Julie, une mère célibataire avec deux enfants, est à la recherche d’un appartement à Pontoise, une ville située à 25 km de Paris. Malheureusement, malgré ses revenus confortables et sa capacité d’emprunt, elle se heurte à une réalité difficile : les taux d’intérêt en hausse et les prix immobiliers élevés l’obligent à revoir ses projets à la baisse.

« Je pense avoir perdu entre 13 et 20m2 en un an. »

Julie, acquéreuse potentielle

Face à cette situation, Julie envisage désormais de rechercher un appartement avec une surface plus petite. Elle devra trouver une chambre pour ses enfants et elle-même devra s’installer dans le salon. En effet, les taux d’intérêt ont augmenté de 1% l’an dernier à 4,5% aujourd’hui, ce qui a entraîné une chute de 45% du nombre de crédits accordés au cours de la dernière année.

La construction et le locatif en difficulté

Cette situation a également eu un impact sur le marché immobilier dans son ensemble. Le nombre de transactions a diminué tant dans le secteur de l’ancien que dans celui du neuf. La construction est le secteur le plus touché, avec un dépôt de bilan notable de Maisons Phénix, un constructeur présent depuis les années 1940. Selon Norbert Fanchon, président du groupe Gambetta, le secteur immobilier dans son ensemble est en difficulté. Son groupe, qui construit habituellement 1 000 appartements par an, est loin d’atteindre cet objectif. En réalité, il enregistre une baisse de 40% de la demande et a été contraint d’abandonner certains projets. Ainsi, il estime que la profession risque de perdre 70 000 logements d’ici à 2023, faute de clients.

« Je pense qu’au niveau de la profession, on va perdre 70 000 logements rien qu’en 2023, parce qu’il n’y a pas les clients en face. »

Norbert Fanchon, président du directoire du groupe Gambetta

Cette situation ne touche pas seulement le marché de la vente, mais aussi celui de la location. Flora Capet, conseillère location chez Century 21 à Laval, constate une augmentation des demandes et un ralentissement du marché. De nombreux locataires qui souhaitaient acheter ont annulé leur départ en raison du refus de financement de la part des banques. Ainsi, il y a beaucoup moins de rotation des locataires.

Les taux d’intérêt restent élevés

Malheureusement, la crise immobilière ne risque pas de s’améliorer avec la diminution progressive des logements énergivores sur le marché et la conversion de certains logements en Airbnb. Flora Capet explique qu’il y a même moins d’annonces en ligne pour les maisons à louer, car elles se louent très rapidement grâce au bouche-à-oreille.

Cependant, Morgan Dréano, le directeur de Flora chez Century 21, ne semble pas s’inquiéter outre mesure. Selon lui, la clé est d’être patient et de travailler avec les vendeurs pour qu’ils comprennent que les prix de vente ont diminué d’environ 5 à 6% au cours de l’année écoulée. Il estime qu’il n’y a pas de crise immobilière, car il y a encore plus d’un million de ventes en France. Il reste confiant quant à l’avenir du marché immobilier.

En conclusion, les acheteurs, comme Julie, doivent revoir leurs projets à la baisse en raison des taux d’intérêt élevés et des prix immobiliers en constante augmentation. Cette situation a également un impact sur le marché de la location et sur le secteur de la construction. Malgré cela, certains professionnels restent optimistes quant à l’évolution du marché. Cependant, il est peu probable que les taux d’intérêt baissent prochainement, ce qui laisse présager que l’année 2024 ressemblera beaucoup à 2023.