Enfants et écrans : 17K parents disent « non » aux smartphones avant 15 ans !

Philippe DONNART


Un collectif sur Facebook a été formé dans le but de fournir des informations et des arguments permettant de mieux faire face aux défis tant à la maison qu’à l’école.

Des parents engagés contre l’exposition précoce aux écrans

Au départ, un événement survenu à l’école, entre deux élèves de CE2. Une amourette, et le garçonnet de 8 ans fait une requête sexuelle inappropriée à la fillette. Une phrase tout droit sortie d’un film pornographique. La petite ne comprend pas, interroge ses copines. Marie-Alix Le Roy retrouve les mots dans la bouche de sa fille. Stupeur. Ce jour-là, elle se promet de faire tout ce qui est en son pouvoir pour la protéger de l’influence des écrans. C’est même la politique de l’école vis-à-vis du numérique qui guide les choix de scolarisation, et même les choix immobiliers de la famille lyonnaise… Mais Marie-Alix Le Roy ne s’arrête pas là, il s’agit aussi de repousser le moment fatal où les jeunes seront dotés d’un téléphone.

C’est ainsi qu’en 2019 elle lance le groupe Facebook « Parents unis contre les smartphones avant 15 ans ». « Au départ, il s’agissait de rallier des parents qui limitent l’exposition aux écrans jusqu’à la fin du collège. » Derrière, l’idée d’être « moins isolés » et plus forts pour résister. « Parce qu’évidemment, les enfants nous mettent la pression. Mais chaque fois que l’un d’entre nous est sur le point de craquer, il y a toujours un membre pour le remotiver, notamment un qui a cédé et qui s’en mord les doigts. » Très vite, le groupe dépasse les 17 000 membres.

Entre eux, les parents résistants se rassurent. Car certains craignent que leur enfant soit désocialisé, ou qu’il arrive quelque chose sur la route de l’école. « En cas d’attaque, le téléphone ne sert à rien, voire il peut même être le déclencheur », pointe Marie-Alix Le Roy.

Une plateforme d’informations et d’arguments

Le groupe est aussi une plateforme d’informations et d’arguments. « À présenter aux collèges quand ils veulent imposer les tablettes. » Ou aux enfants ! « Ils sont tellement forts pour nous persuader », expose Marie-Alix Leroy. Elle est bien placée pour le dire : à l’entrée en classe de seconde, sa fille de 15 ans a reçu son téléphone. « En fait, jusque-là, j’étais en vacances : il me suffisait de dire non. »

Le « oui, maintenant d’accord » est bien plus difficile à gérer. Très vite, l’ado y passe sept ou huit heures d’affilée. Au point que sa mère décide d’installer le contrôle parental, pour réguler son temps de téléphone. « Mais elle peut me harceler, m’appeler 15 fois d’affilée pour demander un supplément. Parfois, je craque », admet la mère. « C’est tellement addictif, ça les rend dingues ! Le combat contre ‘l’ennemi de la maison’ (le téléphone) est presque douloureux. »

Faut-il résister encore, après 15 ans ? « Je ne le conseille pas. D’abord, parce qu’en France c’est l’âge de la majorité numérique. Et puis, ils ont besoin d’un apprentissage avant de se retrouver seuls, dans un studio à 20 ans, sans repères. » Alors, Marie-Alix Le Roy tente d’en donner. Et tous les moyens sont bons. Ainsi, ses enfants partent en vacances dans des colonies spécifiques, où les téléphones sont interdits. Le comble ? « Ils adorent. » Mais au retour, ils rallument !

Des alternatives au téléphone pour les jeunes

La prise de conscience grandit chez les parents concernant l’impact des écrans et des smartphones sur leurs enfants. De plus en plus de parents cherchent des alternatives pour limiter l’exposition précoce aux écrans et trouver un équilibre entre utilisation et dépendance.

Certains parents font le choix de ne pas doter leurs enfants de téléphones avant un certain âge, préférant les laisser profiter de leur enfance sans les distractions constantes des écrans. Cela peut passer par des règles strictes à la maison, comme des horaires de « sans écran » où toute la famille s’engage à ne pas utiliser de téléphones ou de tablettes.

D’autres parents optent pour des solutions plus créatives, comme les colonies de vacances sans téléphone. Ces colonies offrent aux enfants un environnement sans écrans pendant leur séjour, leur permettant de se connecter à la nature, de développer des liens sociaux réels et de participer à des activités physiques et créatives.

Il existe également des alternatives technologiques pour les jeunes, telles que les montres connectées adaptées aux enfants. Ces montres permettent aux parents de garder le contact avec leurs enfants en cas de besoin, tout en limitant leur exposition aux distractions et aux dangers des smartphones.

Quelle que soit l’approche adoptée par les parents, il est essentiel de trouver un équilibre entre l’utilisation des écrans et les autres aspects de la vie des enfants. L’objectif est de promouvoir un développement sain et équilibré, en favorisant les activités physiques, la créativité, les relations sociales réelles et le temps passé en famille.

En fin de compte, il revient aux parents de prendre des décisions éclairées pour leurs enfants en ce qui concerne l’utilisation des écrans et des smartphones. Avec une prise de conscience croissante des risques et des effets néfastes potentiels, il est essentiel d’être informé et de rechercher des alternatives positives pour permettre aux enfants de grandir dans un monde numérique.