Le préfet responsable du département a récemment fait une exception au niveau de qualité de l’eau potable en raison d’une concentration excessive de résidus d’un fongicide qui est pourtant interdit depuis un certain temps déjà.
L’eau potable en danger : un fongicide interdit retrouvé dans les robinets
L’association Vienne Nature tire la sonnette d’alarme : l’eau du robinet dans le département de la Vienne est qualifiée de « consommable mais non potable ». En effet, le préfet du département a récemment dérogé au seuil de qualité de l’eau potable en raison de la présence excessive de résidus d’un fongicide, le chlorothalonil R471811, qui est pourtant interdit depuis plusieurs années. Cette situation préoccupante a été mise en lumière dans un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en avril.
Un fongicide cancérigène dans l’eau potable
Le chlorothalonil R471811, autorisé jusqu’en 2020, était utilisé pour traiter les cultures céréalières et viticoles. Sa dégradation dans l’environnement a entraîné la formation du métabolite R471811, qui a été retrouvé dans les sources d’eau potable de la Vienne. Cette pollution généralisée est préoccupante car le métabolite est classé comme « cancérogène supposé » par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Selon la législation française, sa présence dans l’eau potable doit être inférieure à 0,1 µg/L, bien que la limite sanitaire pour la consommation reste nettement plus élevée (3 µg/L), selon les autorités sanitaires.
Captages fermés et dérogations accordées
Dans certains secteurs ruraux de la Vienne, on a relevé des concentrations de R471811 supérieures à 2 µg/L, voire 5 µg/L. En mai, certains captages ont dû être fermés car la valeur atteignait même 7,5 µg/L, malgré les efforts de dilution avec d’autres nappes. Face à cette situation critique, le préfet a pris des mesures d’urgence en prépositionnant des palettes d’eau en bouteilles dans les mairies pour alimenter 5 000 habitants. Heureusement, la concentration en R471811 a légèrement baissé grâce à des interconnexions avec d’autres sources d’eau.
Le 11 septembre, après un été marqué par une nouvelle sécheresse, le préfet a signé un arrêté autorisant la distribution d’une eau dont la limite de qualité du métabolite R471811 (ainsi que la somme des pesticides) atteint 0,9 µg/L. Cette dérogation concerne les plus de 400 000 habitants du département de la Vienne, et certaines unités de distribution ont même des dérogations supérieures.
Des coûts élevés pour le traitement de l’eau
La solution pour remédier à cette pollution généralisée de l’eau potable serait l’installation de stations de traitement par charbon actif. Cependant, selon les premières estimations, cela coûterait des centaines de millions d’euros et ferait tripler la facture des usagers. Les autorités locales, telles que Grand Poitiers, demandent également l’interdiction de l’utilisation des produits phytosanitaires dans les zones de captage prioritaires. L’association de collectivités Amorce fait la même demande au gouvernement depuis juillet, suite à une enquête alarmante auprès de ses membres, dont 88% ont identifié des pollutions émergentes, principalement des métabolites de pesticides, dans certains captages.
Laurent Lucaud, vice-président chargé de l’eau à Grand Poitiers, appelle également l’agence de l’eau Loire-Bretagne à réorienter massivement les crédits pour préserver la qualité de l’eau et accompagner les agriculteurs dans des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Il souligne l’importance de prendre des mesures environnementales fortes pour protéger la population, comme le font déjà certains programmes de protection des captages d’eau potable dans la région depuis 20 ans. Il estime que cette situation préoccupante touchera à terme 60 à 70% du territoire français, et interroge sur la responsabilité de l’État dans la dépollution des ressources en eau.
Le point sur la situation dans le reste de la France
La pollution de l’eau potable par des résidus de pesticides n’est malheureusement pas un phénomène limité à la Vienne. En avril, une enquête menée par l’ANSES a révélé la présence de résidus de pesticides dans plus de la moitié des prélèvements réalisés sur l’ensemble du territoire français. Les analyses ont montré la présence de métabolites de pesticides dans les captages d’eau potable de nombreuses villes du Sud-Ouest, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à la qualité de l’eau que nous consommons quotidiennement.
Face à cette situation préoccupante, il est urgent de prendre des mesures pour protéger la population et l’environnement. Les autorités doivent renforcer les réglementations sur l’utilisation des produits phytosanitaires, et les agriculteurs doivent être encouragés à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Il est également nécessaire d’investir dans le développement de technologies de traitement de l’eau plus efficaces et moins coûteuses afin de garantir l’accès à une eau potable de qualité pour
Actif depuis deux décennies, je suis un cybemilitant passionné, éclairant la toile de mes révélations. À travers mon site dédié à l’actualité, je dévoile des vérités souvent tues, bravant les obstacles pour un journalisme transparent. Ma détermination a érigé une plateforme incontournable pour les quêteurs d’informations authentiques.