Le gingembre dans les Landes : une révolution agricole !

Philippe DONNART


La plante aux nombreuses vertus est produite de manière biologique sous une serre non chauffée à Labouheyre, ce qui constitue une nouveauté dans les cultures des Fermes Larrère. Cette expérimentation s’avère fructueuse, surtout dans un marché où les importations asiatiques et sud-américaines dominent.

Les Landes : un climat idéal pour la culture du gingembre bio

Un climat tropical début octobre, en plein cœur des Landes : la serre non chauffée des Fermes Larrère, à Labouheyre, chouchoute ses pousses. Au milieu des couverts végétaux et de quelques expérimentations agronomiques aux secrets bien gardés, l’hectare de gingembre a la part belle.

Depuis près de deux ans, le producteur de légumes bio, spécialiste de la carotte, s’est lancé dans cette « culture sympa », issue d’un autre monde. La serre, couverte de panneaux photovoltaïques, est une condition sine qua non. « En plein champ, par manque de chaleur, ça ne pousserait pas », explique Patrick Larrère, l’un des trois frères dirigeants.

« L’épice », présente dans 27 % des recettes des traités culinaires français de la fin de l’époque médiévale, a trouvé dans le sol sableux de Haute Lande un nouveau terreau. « Un terroir unique avec de l’eau, un sol riche, drainant », décrit l’entrepreneur chalossais de naissance. Les agronomes des années 1950 pensaient que ces terrains étaient incultes. Les agriculteurs ont prouvé le contraire.

Après les patates douces, le chou, les Fermes Larrère se sont fait plaisir non sans mal. Les plants de gingembre sont originaires « de filières vertueuses » péruviennes et ont trouvé grâce aux yeux d’Eddie Larrère, l’agronome de la famille, « qui a bien phosphoré pour trouver la variété adaptée », selon son oncle.

De la tige au rhizome

La plante n’a, pour l’instant, montré que très peu de vulnérabilités aux maladies et autres parasites, mais reste très sensible aux températures. « On apprend encore à la connaître », avance prudemment le codirigeant. Cette année, la plantation a eu lieu en mars. La récolte, faite à la main, a commencé fin septembre et doit éviter les grands froids qui saisissent parfois les plaines du nord du département.

« C’est malheureux à dire mais le réchauffement climatique ouvre de nouvelles perspectives »

La saison dernière, une partie de la production a été perdue. La vérité agricole d’hier n’est pas celle de demain. « C’est malheureux à dire mais le réchauffement climatique ouvre de nouvelles perspectives, indique Patrick Larrère. On s’apitoie mais on s’adapte. »

Commercialisé frais, le gingembre bio des Fermes Larrère se consomme de la tige au rhizome. Il garde des saveurs que son pendant importé, et donc séché, n’a plus. Son arôme piquant et citronné transparaît même dans ses feuilles, semblables à celles du bambou et chargées en gingérol. Vendu sur le marché du frais, à des transformateurs et des grossistes, l’unique production de gingembre landais bio coûte au kilo « deux à trois fois plus