« L’usine trop verte : compétitivité en danger ? France Industrie répond »

Philippe DONNART


Alexandre Saubot, directeur général de Haulotte et président du collectif d’industriels France Industrie, s’est rendu à Bruges, en Gironde, pour visiter les locaux de la Maison de l’industrie de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Lors de cette visite, il a transmis un message qui ne laisse pas présager un avenir très positif pour l’industrie en France. Sa préoccupation concerne notamment l’état des usines sur le territoire français.

La concurrence mondiale asymétrique vue par les industriels européens

« Ce que nous, industriels européens, vivons en ce moment, c’est une concurrence mondiale asymétrique. » Ces mots ont été prononcés par Alexandre Saubot, président national de France Industrie, lors de sa visite à la Maison de l’Industrie de Bruges (33). Les représentants des secteurs industriels de Nouvelle-Aquitaine qui l’attendaient étaient partagés entre espoirs, inquiétude et fatalisme face à cette réalité.

Selon Stéphane Douence, directeur général de la Vinaigrerie Générale et représentant en Nouvelle-Aquitaine du lobby France Industrie, cette concurrence est asymétrique car les industriels européens ne disposent pas des mêmes atouts que leurs concurrents. Ils sont les seuls à être impactés par les hausses du coût de l’énergie, ce qui affecte leur compétitivité et leur rentabilité. Ils doivent également faire face à d’autres enjeux tels que la souveraineté industrielle, la transition écologique et numérique, et l’attractivité de leurs métiers.

Bien que l’industrie française semble bien résister, la question qui se pose est jusqu’à quand ? Pour Alexandre Saubot, le temps presse car la capacité d’investissement des industriels se réduit chaque jour. Selon lui, la transition de l’industrie européenne vers une énergie plus respectueuse de l’environnement pèse sur sa compétitivité. Il estime cependant qu’il ne s’agit pas de faire marche arrière, mais plutôt de trouver un équilibre entre la transition écologique et la compétitivité industrielle.

La France reste attractive pour les industriels grâce aux évolutions du Code du travail et à la baisse de la pression fiscale. Cependant, il est nécessaire de faire mieux en matière d’impôt de production, car l’Allemagne en paie six fois moins. Alexandre Saubot reconnaît que ces avancées ont permis de créer 100 000 emplois par an en cinq ans, alors que pendant des décennies, la désindustrialisation a affaibli la classe moyenne et creusé les inégalités territoriales.

L’industrie a besoin de bras pour poursuivre son développement, mais elle peine à recruter. Alexandre Saubot souligne que l’homme reste un avantage concurrentiel et que la France doit travailler son attractivité auprès des jeunes, remplir les écoles d’ingénieurs et intégrer les personnes les plus éloignées de l’emploi. Il est également crucial de ramener le plus de gens possible vers l’emploi pour financer le modèle de société basé sur le taux d’emploi.

La transition écologique et les défis de l’industrie européenne

La transition écologique est devenue une nécessité incontournable pour l’industrie européenne. La lutte contre le changement climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la préservation de l’environnement sont des enjeux majeurs pour le secteur industriel. Cependant, cette transition pose des défis importants pour les entreprises européennes, qui doivent faire face à une concurrence mondiale asymétrique.

Contrairement à leurs concurrents asiatiques et nord-américains, les industriels européens sont soumis à des hausses du coût de l’énergie, ce qui affecte leur compétitivité sur le marché mondial. Ils doivent également relever les défis de la souveraineté industrielle, de la transition numérique, de l’attractivité des métiers de l’industrie, tout en respectant les normes environnementales de plus en plus strictes.

Malgré ces défis, l’industrie française montre des signes de résilience. Grâce à des mesures telles que la réforme du Code du travail et la baisse de la pression fiscale, la France est parvenue à attirer les investissements et à créer de nombreux emplois dans le secteur industriel. Cependant, il est primordial de poursuivre ces efforts afin de renforcer la compétitivité de l’industrie européenne dans un contexte de concurrence mondiale accrue.

Pour cela, il est essentiel de concilier la transition écologique avec la compétitivité industrielle. Il ne s’agit pas de faire marche arrière, mais plutôt d’innover et d’adapter les processus de production pour réduire l’empreinte carbone et promouvoir la durabilité. Les industriels européens doivent investir dans des technologies propres, améliorer l’efficacité énergétique et développer des solutions alternatives pour réduire leur dépendance aux énergies carbonées.

Pour réussir cette transition, il est également nécessaire de renforcer l’attractivité des métiers de l’industrie auprès des jeunes. Les entreprises doivent travailler en étroite collaboration avec les établissements d’enseignement et les organisations professionnelles pour promouvoir les opportunités de carrière dans le secteur industriel. Il est crucial d’attirer de nouveaux talents et de former une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre aux exigences croissantes de l’industrie.

En concluant, il est évident que la transition écologique représente un défi majeur pour l’industrie européenne. Cependant, avec des mesures adéquates et une collaboration renforcée entre les différents acteurs, il est possible de concilier l’urgence climatique avec la compétitivité industrielle. L’industrie européenne doit saisir cette opportunité pour se positionner en tant que leader mondial de la durabilité et de l’innovation.