Ministère Éducation: Protéger enseignants du harcèlement parent

Philippe DONNART

Les enseignants en Corée du Sud sont confrontés à une pression de plus en plus intense de la part des parents d’élèves, ce qui a conduit à de nombreux mouvements de grève et manifestations dans les rues de Séoul depuis le début du mois de septembre. Ces enseignants dénoncent le harcèlement constant dont ils sont victimes de la part des parents. Le Parlement coréen va proposer des mesures radicales pour tenter de résoudre cette situation.

La tension entre les enseignants et les parents d’élèves en Corée du Sud atteint un niveau insupportable. Les parents, de plus en plus agressifs, n’hésitent pas à intenter des procès dans tous les sens et à exprimer leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Le 21 septembre, le Parlement coréen examinera un ensemble de mesures visant à mieux protéger les enseignants face à ces comportements hostiles.

Le problème existe depuis de nombreuses années, mais une série de suicides d’enseignants depuis le début de cette année a finalement poussé les professeurs à descendre dans la rue et à demander de l’aide aux autorités. Ils ont été particulièrement choqués par la tragique histoire d’une jeune enseignante de 23 ans qui s’est suicidée en juillet dernier dans une école primaire du sud de Séoul. Pendant des mois, cette enseignante avait dénoncé l’agressivité des parents d’élèves, en particulier celle d’un père. Mais l’école n’a rien fait pour intervenir, craignant de nuire à sa réputation et de s’attirer des problèmes avec les parents.

Le système éducatif coréen est extrêmement compétitif et les parents investissent des sommes considérables dans l’éducation de leurs enfants. Ils veulent offrir à leur progéniture la meilleure éducation possible, en payant les meilleures écoles, les meilleurs cours du soir et les meilleurs cours particuliers le week-end. Par conséquent, ils ne tolèrent pas les réprimandes ou les mauvaises notes attribuées à leur enfant, ce qui les pousse à se plaindre des enseignants. Certains parents en viennent même aux mains ou harcèlent les enseignants chez eux ou par téléphone, même la nuit. De nombreuses familles portent également plainte pour « abus émotionnels » à l’encontre de leur enfant.

Face à cette réalité, le gouvernement coréen s’engage à fournir un meilleur soutien psychologique aux enseignants. Ils seront par exemple autorisés à passer des tests pour évaluer leur niveau de stress. L’objectif est de repérer plus facilement les cas de dépression et d’offrir, à ceux qui le souhaitent, des consultations gratuites avec des professionnels. De plus, le ministère de l’Éducation va mettre en place des bus circulant entre les écoles, afin que les enseignants puissent plus facilement rencontrer des psychologues et discuter des problèmes de harcèlement par les parents.

Pour contrer le harcèlement des parents, le gouvernement prévoit de modifier la loi pour mieux protéger les enseignants. Il souhaite en réalité instaurer une sorte d’immunité pour ces derniers, de sorte que les parents ne puissent plus engager des poursuites judiciaires à leur guise contre les enseignants qui ne leur conviennent pas. Seuls les cas graves d’abus commis par des enseignants, qui peuvent réellement exister, seront portés devant la justice.

En outre, le ministère de l’Éducation souhaite limiter au maximum les pressions directes exercées sur les enseignants. Désormais, les parents mécontents devront contacter directement le directeur de l’école et ne pas s’en prendre directement aux enseignants. En cas d’échanges entre parents et enseignants, les conversations pourront être enregistrées, ce qui, en théorie, devrait contribuer à éviter les débordements.