Pompiers en danger : polluants toxiques et cancérigènes !

Philippe DONNART

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Des chercheurs ont trouvé un produit chimique neurotoxique et cancérigène dans le corps des pompiers. Il s’agit des retardateurs de flammes, une substance présente partout dans les maisons et utilisée pour ralentir la propagation des incendies.

Des pompiers français exposés à un polluant cancérigène

Pour la première fois en France, une étude révèle la présence d’un polluant cancérigène dans le corps des pompiers. L’émission « Vert de Rage » diffusée sur France 5 a mené une enquête à ce sujet et a dévoilé les résultats de deux études menées par des chercheurs indépendants lors d’une conférence de presse le mercredi 18 octobre.

Les retardateurs de flammes, des produits chimiques présents dans de nombreux objets du quotidien tels que les meubles et les textiles, sont au cœur de cette problématique. Selon les résultats des études, environ 4% des pompiers seraient touchés par des cancers causés par ces polluants.

Une situation taboue

En France, il n’existe pas de données précises sur le nombre de pompiers professionnels atteints de cancer. Cependant, les estimations suggèrent qu’environ 2 200 d’entre eux en souffriraient. « C’est tabou, personne n’en parle », explique Martin Boudot, le réalisateur de l’émission « Vert de Rage ». Il souligne également que depuis un rapport commandé par Nicolas Sarkozy en 2003, il était recommandé de mener des études épidémiologiques sur les pompiers et de mieux prendre en compte les cas de cancers. Malheureusement, ces recommandations n’ont jamais été mises en œuvre malgré le passage de près de deux décennies.

Un seul cancer reconnu comme maladie professionnelle

Le réalisateur de l’émission s’étonne du fait que la France ne reconnaisse qu’un seul cancer comme maladie professionnelle chez les pompiers, alors que les États-Unis en reconnaissent une trentaine. Pour faire bouger les choses, l’équipe de « Vert de Rage » a mené une expérience dans laquelle des pompiers volontaires ont porté des bracelets capables de détecter des polluants pendant leurs opérations. Les résultats ont révélé la présence de retardateurs de flammes lors de ces interventions.

Ces retardateurs de flammes sont utilisés dans de nombreux produits de la vie quotidienne tels que les mousses de canapés, les plastiques des jouets et les voitures. Bien qu’ils soient à l’origine destinés à retarder la propagation du feu, ils se sont révélés inefficaces et toxiques. Ces substances cancérigènes et neurotoxiques sont libérées par les fumées et ont également été retrouvées dans les analyses de sang des pompiers.

Stéphane Morizot, un ancien pompier qui vient de prendre sa retraite, a appris récemment qu’il souffre d’un cancer de la prostate. Il plaide en faveur de mesures de protection pour les pompiers, soulignant que ces derniers sont également exposés par contact cutané. Parmi ces mesures, il recommande l’utilisation de gants en nitrile pour éviter tout contact avec les équipements contaminés, le remplacement régulier des cagoules utilisées lors des interventions incendie et une douche immédiate au retour à la caserne.

Au sein de son association, Stéphane Morizot cherche à sensibiliser ses collègues aux dangers des fumées toxiques et demande un suivi réel des pompiers ainsi que la reconnaissance de plusieurs cancers comme des maladies professionnelles spécifiques à leur métier.