Protégez vos enfants : nouvelles règles contre les pesticides dangereux !

Philippe DONNART


Après avoir procédé à une évaluation supplémentaire, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a conclu que l’on ne peut pas exclure un potentiel risque pour les enfants lors de l’utilisation de l’herbicide prosulfocarbe. Cette substance chimique est couramment utilisée dans la plaine de l’Aunis, située à proximité de la ville de La Rochelle.

Les mannequins équipés de capteurs envahissent la plaine céréalière de l’Aunis, près de La Rochelle. Mais ils ne sont pas là pour voler le travail des épouvantails. Au contraire, ils ont pour mission de mesurer l’impact des nouvelles mesures de restriction d’utilisation du prosulfocarbe, un herbicide très utilisé en France. Ces mesures ont été mises en place en raison des préoccupations concernant les taux élevés de pollution de l’air dans la région, ainsi que de la présence de cancers pédiatriques dans la commune de Saint-Rogatien.

Une étude réalisée en juillet 2022 avait en effet révélé que les taux de prosulfocarbe dans l’air étaient très élevés, incitant la Communauté d’agglomération de La Rochelle à demander un moratoire sur son utilisation. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a récemment publié un communiqué dans lequel elle indique qu’elle ne peut pas exclure le dépassement des seuils de sécurité pour les enfants se trouvant à moins de 10 mètres de distance des cultures lors des traitements à base de prosulfocarbe.

En conséquence, l’Anses a imposé de nouvelles conditions d’utilisation de l’herbicide. Les agriculteurs devront désormais réduire les doses maximales autorisées à l’hectare d’au moins 40 %, utiliser des buses permettant une réduction de 90 % de la dérive de pulvérisation et respecter une distance de sécurité de 10 mètres avec les habitations, voire de 20 mètres avec des buses plus performantes. Jusqu’à présent, la distance de sécurité était de seulement 5 mètres.

Ces nouvelles mesures ont été accueillies de manière mitigée par les agriculteurs. Certains d’entre eux estiment que cela ne posera pas de problème car ils respectent déjà les nouvelles règles. Cependant, certaines associations locales restent sceptiques quant à l’application et au contrôle de ces mesures. Ils demandent à l’État de prendre ses responsabilités et de s’assurer que les agriculteurs respectent les nouvelles règles.

En attendant, les détenteurs d’une autorisation de mise sur le marché pour le prosulfocarbe devront évaluer l’impact des nouvelles mesures sur l’exposition aux riverains. Des mannequins équipés de capteurs seront installés près des cultures pour mesurer cette exposition. Si aucune démonstration probante n’est fournie, les autorisations d’utilisation du prosulfocarbe seront retirées sans délai.

Il est évident que la question de l’utilisation des pesticides et de leur impact sur la santé et l’environnement est devenue un enjeu majeur. Les autorités doivent prendre des mesures pour limiter l’exposition des populations aux produits chimiques dangereux et encourager une agriculture plus respectueuse de l’environnement.