Retour sur le naufrage du « Prestige » en 2012 : un procès inoubliable !

Philippe DONNART


Le 13 novembre 2002, le navire appelé « Le Prestige » subit des dommages sur son flanc droit au large de la région de la Galice. Quelques jours plus tard, le 19 novembre, le navire finit par couler. Les conséquences de cette catastrophe écologique se font ressentir dans le Sud-Ouest à partir du 1er janvier 2003. Ces événements marquent le début d’une série de dates importantes liées à cette tragédie environnementale. Le procès relatif à cette affaire est ouvert le 16 octobre 2012 en Espagne, soit dix ans après les faits. Ces informations illustrent la chronologie des événements liés au naufrage du navire « Le Prestige » et à ses conséquences désastreuses pour l’environnement.

Marée Noire du Prestige : Retour sur la pire catastrophe environnementale de l’Espagne et du littoral aquitain

Le 19 novembre 2002, le Prestige, un pétrolier battant pavillon des Bahamas, fait naufrage en pleine mer au large de la France et de l’Espagne, avec à son bord 77 000 tonnes de fioul. Ce sinistre entrainé la pire marée noire jamais connue par l’Espagne et le littoral aquitain, sur des milliers de kilomètres de côtes. Il s’agit de la troisième grande catastrophe écologique de ce genre dans la région, après celles des épaves Urquiola en 1976 et Aegean Sea en 1992. De plus, il s’agit de la troisième marée noire en moins de quatre ans en Europe, après les sinistres des navires Erika en 1999 et Baltic Carrier en 2001. Dans cet article, nous reviendrons sur les faits, les conséquences financières de cette catastrophe, ainsi que les procédures judiciaires qui ont duré une décennie.

Le naufrage du Prestige a été causé par une voie d’eau le 13 novembre 2002 au large de la Galice, une région du nord-ouest de l’Espagne. Après avoir perdu 4 000 tonnes de fioul, le navire s’est brisé le 19 novembre et a sombré à plus de 3 500 mètres de profondeur. Le pétrolier, originaire de Lettonie, transportait un total de 77 000 tonnes de fioul. Sur les 27 membres de l’équipage, 24 ont été évacués, ne laissant que le capitaine, son second et le chef des machines à bord, tous de nationalité grecque. Construit au Japon en 1976, le Prestige aurait été victime d’une fuite causée par une usure due à un défaut de maintenance.

La marée noire a touché en premier lieu les côtes espagnoles et portugaises, avant de se propager vers le littoral français. Le 6 décembre 2002, le mazout a atteint le Pays Basque espagnol et a souillé sept plages entre Gijon et Santander, ainsi que le bras de mer remontant vers Bilbao. La pollution a ensuite progressé vers la France, touchant notamment le sud-ouest du pays à partir du 1er janvier 2003. Des nappes de fioul d’un diamètre allant de 2 à 5 mètres, échappées du Prestige, flottaient à 330 kilomètres de la côte, poussées par de forts vents. Des oiseaux intoxiqués ont été recueillis par la LPO (Ligue de protection des oiseaux) dans le Bassin d’Arcachon, signe annonciateur de l’arrivée imminente de la marée noire en Aquitaine.

La nuit du Nouvel An 2003, la Gironde a été touchée par la marée noire. Des galettes d’hydrocarbures de différentes tailles ont souillé les plages de Lacanau, du Porge et du Cap-Ferret. Toute la côte girondine, sur une distance de 17 kilomètres, a été placée sous surveillance de la Préfecture. La pollution a continué de s’étendre, touchant les plages de Saint-Jean-de-Luz et Bidart dans les Pyrénées-Atlantiques le 6 janvier 2003, puis toute la côte basque fin janvier. Les plages des Landes et de Charente-Maritime ont également été touchées par la marée noire.

Suite à cette catastrophe, des procédures judiciaires ont été engagées pour déterminer les responsabilités et obtenir des indemnisations. En mars 2003, les ostréiculteurs de Marennes-Oléron, lourdement touchés par la marée noire, ont porté plainte contre l’État espagnol, rejoints par les Espagnols de l’association « Nunca Mais ». De nombreuses communes du Pays Basque, des Landes et de Gironde se sont également constituées parties civiles. Les indemnisations ont été limitées par le Fonds international de l’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL), qui n’avait pas suffisamment de fonds pour couvrir l’ensemble des dommages. Les victimes ont ainsi reçu seulement environ 15% du montant total des dommages, estimé à 1 milliard d’euros.

Les opérations de nettoyage ont duré des mois, avec des tonnes de déchets souillés par le Prestige qui ont été brûlés en Gironde. Environ 5 000 à 6 000 tonnes de déchets ont été incinérées, mais la marée noire a continué d’affluer sur les plages jusqu’en juillet 2003. Les conséquences financières de cette catastrophe ont été lourdes, avec des coûts évalués à plusieurs millions d’euros pour chaque région touchée.

La marée noire du Prestige restera dans l’histoire comme l’une des pires catastrophes écologiques en Europe. Les conséquences ont été désastreuses pour l’environnement et les populations touchées, et les procédures judiciaires ont révélé les failles du système de régulation maritime. Malgré les efforts de nettoyage, les séquelles de cette marée noire continuent de se faire ressentir, rappelant l’importance de protéger nos océans et de promouvoir des normes plus strictes en matière de transport maritime.