Réutiliser les eaux usées : une révolution dans le bassin d’Arcachon !

Philippe DONNART


Le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon a récemment entrepris une étude visant à explorer les possibilités de réutilisation des eaux usées après leur traitement, en particulier pour des usages tels que l’arrosage ou le nettoyage. Cette initiative prometteuse a déjà débuté à Biganos, où des mesures sont mises en place pour mettre en œuvre cette approche durable de gestion de l’eau. Cela témoigne de la volonté du syndicat de trouver des solutions innovantes pour optimiser l’utilisation des ressources hydriques de la région et réduire notre dépendance aux sources d’eau traditionnelles. En examinant les différents besoins en eau et les possibilités de réutilisation, le syndicat cherche à créer un modèle de gestion de l’eau qui soit à la fois respectueux de l’environnement et économiquement viable.

Pourquoi ne pas réutiliser les eaux usées dans le bassin d’Arcachon?

Dans le bassin d’Arcachon, une question se pose : pourquoi ne pas réutiliser les quantités astronomiques d’eaux usées qui sont traitées et finissent par disparaître dans l’océan via le Wharf ? Bien que cette solution existe depuis un certain temps et soit désormais maîtrisée, la réutilisation des eaux usées provenant de nos égouts est encore peu répandue. En Europe, seulement 2,4 % des eaux usées traitées sont réutilisées, contre 1 % en France.

Pourtant, certains endroits ont déjà adopté cette pratique. Par exemple, sur l’île de Ré, 4,5 % des eaux usées de la commune de La Flotte sont réutilisées après leur passage par une station d’épuration et un traitement anti-bactériologique. À Eysines, la station de Cantinole s’est équipée d’une unité de Réutilisation des eaux usées traitées (Reut) pour le nettoyage ou l’irrigation.

Dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction des ressources, l’idée de recycler les eaux usées gagne en popularité. Dans des pays comme Singapour, Israël, Malte et la Namibie, cette pratique est déjà courante.

Le président du Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (Siba), Yves Foulon, a exprimé son souhait de généraliser cette solution à tout le territoire, qui compte 12 communes. D’autant plus que la législation en Gironde permet désormais cette pratique. Les maires sont favorables à cette idée et il est envisagé de réutiliser ces eaux une fois qu’elles ont été traitées, analysées et vérifiées, notamment pour l’entretien des espaces verts ou le nettoyage des voiries. Par exemple, l’hippodrome de La Teste serait intéressé par cette possibilité afin de maintenir son herbe verte.

Le lancement de cette initiative pourrait se faire dans les deux prochaines années. Un séminaire sur la réutilisation des eaux usées traitées s’est tenu le 10 octobre à l’hippodrome de La Teste, permettant aux professionnels spécialisés dans ce domaine de fournir des réponses techniques aux élus. Le bassin d’Arcachon dispose d’un réseau d’assainissement performant qui dépasse les normes de traitement de l’eau. Les traitements complémentaires nécessaires pour rendre cette eau utilisable dans les jardins ou pour le nettoyage ne sont pas un obstacle.

Cependant, le territoire étant vaste, de Lège-Cap-Ferret à Arcachon, la distance entre les stations d’épuration peut engendrer des coûts élevés et limiter les possibilités de recyclage de l’eau. Une étude approfondie permettra de répondre à ces questions et de déterminer la faisabilité du projet. Une fois cela établi, il faudra mettre en place les aspects réglementaires avant de passer à la mise en œuvre, un processus qui devrait prendre environ deux ans.

En attendant cette généralisation, le Siba a déjà commencé à tester le recyclage des eaux usées traitées sur son site de Biganos. Une fois les autorisations administratives accordées, cette pratique sera étendue à la commune, qui pourra alors utiliser cette eau pour des besoins spécifiques. Dans certains pays très arides, comme la Namibie, l’eau recyclée est même distribuée jusqu’aux robinets des habitants pour qu’ils puissent la consommer. Cependant, dans le bassin d’Arcachon, nous en sommes encore loin, nous nous trouvons seulement à la première étape du processus.