Révélation choc : le logiciel Pegasus espionne des dizaines de personnes en Jordanie

Philippe DONNART

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consultant cybersécurité


L’organisation Access Now met en avant le manque de responsabilité de l’Etat jordanien dans l’espionnage qui a été mis en place, tout en mettant l’accent sur la répression accrue des droits des citoyens et de leur liberté d’expression en Jordanie.

Le logiciel espion Pegasus utilisé en Jordanie pour surveiller des journalistes et des militants

Selon une enquête récente publiée par une ONG spécialisée dans la défense des droits numériques, Access Now, en collaboration avec le Citizen Lab de l’université de Toronto, le logiciel espion Pegasus aurait été utilisé pour surveiller des dizaines de journalistes et de militants en Jordanie au cours des quatre dernières années. Cette révélation fait suite à un scandale similaire révélé en 2021 par un consortium de rédactions internationales.

Le logiciel Pegasus, conçu par la société israélienne NSO, est capable d’accéder au micro, à la caméra et aux fichiers d’un téléphone. En Jordanie, pas moins de 35 citoyens ainsi que des avocats et des journalistes auraient vu leurs téléphones infiltrés par Pegasus depuis 2019. Cette pratique soulève des questions sur la protection des données privées et la liberté d’expression dans le pays.

Bien que l’ONG Access Now n’établisse pas la responsabilité de l’État jordanien dans cette affaire, elle souligne que la Jordanie a progressivement renforcé sa répression vis-à-vis des droits des citoyens, notamment leur liberté d’expression, d’association et de réunion. Cette surveillance étendue soulève des préoccupations quant à la protection de la vie privée et des libertés individuelles en Jordanie.

Pour certains journalistes, comme Daoud Kuttab, dont le téléphone a été visé à plusieurs reprises par Pegasus, le risque le plus important réside dans la révélation de leurs sources. Cette pratique menace le travail des journalistes et compromet la confidentialité des informations sensibles. Selon Kuttab, la plupart des journalistes travaillant au Moyen-Orient s’attendent à voir leur téléphone surveillé, ce qui a un impact significatif sur leur capacité à mener des enquêtes indépendantes.

L’enquête indique que la majorité des cas d’espionnage en Jordanie sont survenus entre début 2020 et fin 2023 et seraient liés, à divers degrés, à une grève menée par les enseignants en 2019. Cette mobilisation sociale avait conduit à l’arrestation de centaines de professeurs, ce qui pourrait expliquer la surveillance accrue des militants et des journalistes par les autorités.

Ces révélations soulèvent des inquiétudes concernant le respect des droits numériques et des libertés fondamentales en Jordanie, et soulignent la nécessité d’une réglementation plus stricte en matière de surveillance et de respect de la vie privée dans le pays. Il est essentiel de protéger la liberté de la presse et la confidentialité des communications, afin de garantir un environnement propice au journalisme indépendant et à la défense des droits fondamentaux.