Victime du site « French Bukkake » : le témoignage bouleversant de Léa sur les tortures et la violence du porno

Philippe DONNART


Mercredi, un rapport du Haut Conseil à l’Égalité a révélé que la majorité écrasante des scènes diffusées sur les sites pornographiques en France constituent des infractions pénales, atteignant un taux de 90 %. Ce constat alarmant met en lumière un problème majeur dans notre société lié à l’exploitation et à la violence sexuelle. Les chiffres soulignent la nécessité urgente de prendre des mesures pour lutter contre ces pratiques illégales et protéger les personnes qui en sont victimes. D’après le rapport, il est crucial de sensibiliser l’opinion publique et de renforcer les réglementations afin d’endiguer ce fléau et de garantir une société égalitaire et respectueuse.

Des délits criminels dans 90% des vidéos pornographiques en ligne en France, selon un rapport

« C’est très douloureux parce que c’est un viol, c’est de la séquestration. Je ne sais même pas du coup combien d’hommes m’ont fait… Je n’étais pas dans l’état de savoir ! » Léa, 30 ans, sera partie civile l’an prochain au procès dit « French Bukkake », du nom du site pornographique dont plusieurs responsables vont comparaître pour, entre autres, viols aggravés et proxénétisme.

90 % des scènes présentées sur les principaux sites pornographiques en France relèvent de délits criminels, selon un rapport du Haut Conseil à l’Égalité remis mercredi 27 septembre à la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Le HCE a étudié durant plusieurs mois des dizaines de milliers de scènes destinées à un public toujours plus large, y compris des mineurs, avec 14 millions de visiteurs mensuels pour le principal site porno français. Il demande des mesures au gouvernement et au législateur sur ce qu’il a baptisé « la pornocriminalité ».

« Ça nous est envoyé et rappelé sans cesse »

Léa est l’une des 50 victimes du site « French Bukkake ». Elle dit avoir été piégée pour se retrouver au centre de scènes pornos très violentes et dégradantes qui continuent encore de circuler plusieurs années après, ce qui rajoute encore à sa souffrance. « On nous envoie des captures d’écran alors que je n’ai jamais essayé moi-même de regarder, bien évidemment, regrette la jeune femme. Ça ne s’arrête pas au moment où c’est réalisé, ça nous est envoyé, rappelé sans cesse, moqué… Ce sont des tortures à vie. »

Léa, qui avait porté plainte quelques jours seulement après le tournage a demandé, jusque là en vain, le retrait de ces scènes dont on sait qu’elles sont fréquemment remontées et revendues d’un site à l’autre. « Traite d’êtres humains, actes de barbarie, viols en réunion…. C’est inacceptable et ça n’aurait pas dû arriver, ça ne devrait plus arriver », rappelle Liza Del Sierra, une ancienne actrice porno professionnelle, désormais productrice de films X.

« La police du fantasme »

« Seulement, attention, le consentement permet aussi à certaines femmes de jouir de leur corps, de faire des scènes qui peuvent paraître inacceptables pour la morale de certaines personnes, mais qui pour elles, le sont, ajoute Liza Del Sierra. Il faut donc encadrer la profession pour éviter les dérives. Mais il ne faut pas jouer à la police du fantasme. »

Parmi les propositions du Haut Conseil à l’Égalité, on retrouve l’attribution d’un rôle de police administrative à Pharos, la plateforme du ministère de l’Intérieur, pour qu’elle puisse demander le retrait ou le blocage de toute scène portant gravement atteinte à l’intégrité d’une personne.