80+ villes ont déjà adopté : la folie des téléphériques urbains !

Philippe DONNART


Le téléphérique est un moyen de transport qui connaît un succès croissant dans les stations de ski. Cependant, il vise désormais à s’étendre aux espaces urbains. Dans ces zones, le téléphérique offre la possibilité de surmonter des obstacles naturels là où le métro ne serait pas une option viable. De plus, il peut parfois être moins cher qu’un tramway. Une autre caractéristique intéressante est qu’il est relativement propre, ce qui attire les défenseurs de l’environnement. En résumé, le téléphérique s’ouvre à de nouvelles perspectives dans les zones urbaines en offrant une alternative pratique et respectueuse de l’environnement à d’autres modes de transport traditionnels.

Le futur téléphérique d’Île-de-France est en cours de construction dans une usine en Autriche. Ce projet, appelé « Câble C1 », est le premier téléphérique de la région et a un potentiel énorme dans les villes, notamment dans un contexte de changement climatique. Le chef de service d’Albert Jochum, âgé de 34 ans, explique que les stations du téléphérique sont en cours d’assemblage dans l’usine de Wolfurt, dans la région verdoyante du Vorarlberg. L’entreprise Doppelmayr, leader mondial dans le domaine, a ouvert ses portes en exclusivité à l’AFP pour montrer son site de production de téléphériques urbains.

Ce projet vient s’ajouter à d’autres projets de téléphériques en France, tels que ceux à Saint-Denis de la Réunion et à Toulouse, réalisés par le concurrent français Poma. Avec le téléphérique en Île-de-France, prévu pour être opérationnel d’ici 2025, la ville de Créteil sera reliée à Villeneuve-Saint-Georges grâce à une ligne de 4,5 kilomètres et cinq stations. Ce trajet permettra de connecter 20 000 habitants au terminus de la ligne 8 du métro. Les cabines du téléphérique pourront accueillir jusqu’à dix passagers et circuleront à une fréquence inférieure à 30 secondes, soit une capacité de 1 600 passagers par heure.

Selon Laurent Probst, directeur d’Île-de-France Mobilités, l’autorité chargée des transports en commun en Île-de-France, le téléphérique est le meilleur choix pour résoudre les problèmes de transport dans la région. Il considère que ce mode de transport est propre, silencieux et régulier, et qu’il offre une solution idéale pour surmonter les obstacles tels que les voies ferrées et les axes routiers. De plus, il permettra de décongestionner les routes et de réduire les émissions de CO2, les transports représentant 35% des émissions dans le pays.

En termes de coût, le téléphérique est également avantageux. Hanane Bengualou, co-fondatrice d’IMTER, une société de conseil en aménagement, estime que l’investissement par kilomètre est inférieur à 7 millions d’euros, contre plus de 20 millions pour un tramway. Elle affirme que le téléphérique utilise peu d’espace et qu’il est rapide à mettre en place, car il ne nécessite pas de travaux importants.

Malgré tous ces avantages, il y a toujours des obstacles à surmonter. Certains résidents s’opposent au survol des habitations, les procédures administratives sont complexes et il peut y avoir des nuisances sonores lors du passage des pylônes. De nombreux projets de téléphériques ont d’ailleurs été abandonnés en cours de route ces dernières années en raison de l’opposition des riverains. Néanmoins, plus de 80 villes dans le monde ont déjà adopté cette solution de transport, ce qui montre son efficacité.

Doppelmayr, avec ses 130 ans d’expérience et ses 3 400 employés dans une cinquantaine de pays, voit un réel potentiel dans la mobilité urbaine. Cependant, selon le cadre de l’entreprise, de nombreux décideurs restent attachés aux modes de transport traditionnels et ne considèrent même pas le téléphérique lorsqu’ils planifient de nouveaux projets de transport en commun.