Atos, géant français de la cybersécurité visé par nationalisation temporaire des députés

Philippe DONNART

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Il y a une incertitude quant au futur de cette société informatique, qui est l’un des piliers de l’industrie en France. Des membres du parlement ont émis l’idée de procéder à une nationalisation temporaire. Cette entreprise est actuellement confrontée à une situation délicate et les députés ont suggéré une solution qui pourrait lui permettre de surmonter ses difficultés. Cette proposition de nationalisation, bien que temporaire, pourrait offrir une certaine stabilité à l’entreprise et lui permettre de reprendre pied dans un secteur concurrentiel et en constante évolution. L’idée derrière cette mesure est d’assurer la continuité des activités de la société et de protéger les emplois de ses nombreux employés. En nationalisant temporairement cette entreprise, il serait possible de mettre en place des mesures de soutien et de relance, afin de lui permettre de retrouver rapidement sa position dominante sur le marché. Cette décision, si elle venait à être prise, nécessiterait évidemment une étude approfondie de la situation financière de l’entreprise ainsi que de ses perspectives d’avenir. Il s’agit d’un choix stratégique important qui pourrait avoir un impact significatif sur le paysage industriel français. Il reste à voir si cette proposition sera mise en œuvre et quelle en sera l’issue. En attendant, l’avenir de cette entreprise reste incertain et suscite de vives discussions parmi les acteurs politiques et économiques.

Atos, un acteur majeur de la sécurité sur internet, attire l’attention des investisseurs étrangers et des députés

Atos, entreprise spécialisée dans la sécurité sur internet, est responsable de la cybersécurité des Jeux olympiques de Paris 2024 et joue également un rôle essentiel dans l’industrie nucléaire française. Bien que peu connu du grand public, ce groupe informatique connaît des bouleversements ces dernières années, notamment en raison de sa restructuration. Franceinfo revient sur cette saga économique qui prend une dimension politique.

Des activités sensibles dans les secteurs de l’armée et du nucléaire

Créée en 1997, Atos est un acteur mondial de la transformation numérique des entreprises. Avec plus de 107 000 collaborateurs dans 69 pays, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires estimé à 11 milliards d’euros. Depuis 2001, Atos est le partenaire informatique des Jeux olympiques et paralympiques. De plus, le groupe intervient dans des secteurs sensibles tels que l’armée, le nucléaire et la sécurité informatique.

Atos assure plusieurs missions, notamment la gestion des systèmes sécurisés de l’armée et des centrales nucléaires, développe des supercalculateurs et des logiciels de gestion informatique pour des services publics et parapublics tels que Linky ou SNCF. Pendant une décennie, de 2009 à 2019, Thierry Breton a dirigé le groupe, avant de devenir commissaire européen au marché intérieur. Sous sa direction, Atos a connu une croissance importante grâce à des acquisitions stratégiques mais coûteuses.

Une évolution critiquée

Depuis le départ de Thierry Breton, Atos traverse une phase difficile. Les choix stratégiques du PDG sont remis en question par les analystes, ce qui se traduit par de moins bons résultats économiques et une instabilité au niveau de la direction. En juin 2022, Atos décide de scinder ses activités en deux branches : le conseil en informatique et la cybersécurité. Une décision vivement critiquée en interne, d’autant plus que la branche « Tech Foundations », spécialisée dans le conseil en informatique, suscite l’intérêt de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky.

Cet intérêt de Daniel Kretinsky, qui multiplie les investissements en France, est contesté par certains actionnaires et responsables politiques. Le président du conseil d’administration, Bertrand Meunier, a démissionné suite à ce mécontentement. Le projet de rachat de la branche d’Atos par Kretinsky est maintenu mais reporté au début du deuxième trimestre 2024.

Une prise de contrôle politique en vue

La contestation autour du projet de rachat d’Atos prend une tournure politique. En août dernier, 82 parlementaires des Républicains ont publié une tribune dans Le Figaro pour appeler à maintenir l’entreprise « sous le giron français » et à empêcher la vente de « nos fleurons les plus stratégiques à des puissances étrangères ». Ces parlementaires soulignent notamment l’importance des supercalculateurs d’Atos pour la dissuasion nucléaire française.

« Atos demeure clé pour notre autonomie stratégique actuelle, au travers des capacités de calcul, et de demain, avec les enjeux liés au quantique »

Les parlementaires des Républicains dans une tribune

Le Figaro

En réponse à ces inquiétudes, la Première ministre Élisabeth Borne a affirmé que l’opération n’aurait aucune incidence sur le contrôle ou le droit de blocage des activités sensibles d’Atos. Cependant, ces déclarations n’ont pas réussi à apaiser les craintes de l’opposition française.

Le 20 octobre, Olivier Marleix, chef de file des députés Les Républicains, a déposé un amendement dans le projet de loi de finances 2024 pour proposer la nationalisation temporaire d’Atos. Selon lui, cette décision est motivée par les menaces d’acquisition de Daniel Kretinsky et les changements majeurs envisagés pour le groupe.

Un projet de nationalisation et une baisse de l’action

De son côté, le député socialiste Philippe Brun propose la nationalisation temporaire des activités « souveraines » d’Atos. Il estime qu’il est important de ne pas permettre à une entreprise étrangère de prendre le contrôle de ces activités essentielles pour l’indépendance nationale.

Le ministère de l’Économie nie tout projet de nationalisation d’Atos. Cependant, suite au dépôt de ces amendements, l’action du groupe informatique a atteint son plus bas historique à la Bourse de Paris. Le débat sur l’avenir d’Atos aura lieu le 25 octobre à l’Assemblée nationale.