Crise immobilière : l’exécutif à la hauteur face à la bombe sociale du logement ?

Philippe DONNART


Avec l’inflation et les défis de l’obtention d’un prêt immobilier, se loger est devenu une tâche de plus en plus ardue. De plus, certains dispositifs ont été supprimés, aggravant encore la situation. Les experts du domaine ainsi que certains leaders politiques ne semblent pas très optimistes quant à l’évolution de la situation.

L’ancien Premier ministre Édouard Philippe alerte sur la crise du logement en France

Lors de sa participation à la rentrée politique du MoDem, Édouard Philippe a mis en garde contre la situation préoccupante du logement en France. Il a qualifié cette situation de « bombe sociale » et « urbaine » lors de son discours. Les professionnels du secteur immobilier ne cessent de sonner l’alarme et prévoient de faire part de leurs inquiétudes au gouvernement lors du congrès HLM qui aura lieu mardi.

Se loger devient de plus en plus difficile en France. Les causes de cette crise sont connues et persistantes depuis plusieurs années. Le manque de terrains constructibles est un problème majeur, ce qui a conduit à une pénurie de logements. De plus, l’inflation a entraîné une flambée des prix des matières premières, impactant négativement le secteur de la construction. Les taux d’intérêt ont également augmenté ces derniers mois, et les banques se montrent plus réticentes à accorder des prêts immobiliers. Tous ces facteurs réunis découragent l’accès à la propriété.

Les propriétaires et la réglementation plus contraignante

Les investissements dans l’immobilier sont de moins en moins attrayants, en particulier pour les propriétaires qui souhaitent louer leurs biens. Dans une vingtaine de grandes villes, les loyers sont plafonnés, ce qui rend la réglementation plus contraignante. Dans les années à venir, il sera impossible de louer des logements énergivores, c’est-à-dire ceux dont les diagnostics énergétiques sont mauvais. Cette contrainte oblige les propriétaires à effectuer des travaux d’isolation, mais certains ne disposent pas des ressources financières nécessaires, ce qui les pousse à retirer leurs biens du marché locatif. Cela réduit encore davantage l’offre de logements disponibles, ce qui est susceptible de créer une crise sociale.

Les mesures controversées du gouvernement

Les professionnels du secteur immobilier estiment que le gouvernement ne mesure pas l’ampleur de la crise en cours. Ils pointent du doigt certaines mesures annoncées dans le projet de loi de finances qui sont particulièrement inquiétantes. L’une d’entre elles concerne le recentrage du prêt à taux zéro, un crédit destiné aux ménages les plus modestes pour les aider à acquérir un bien immobilier. Ce prêt ne sera désormais accordé que pour certains types de biens. Le dispositif Pinel, qui permet des réductions d’impôts pour les acheteurs de biens immobiliers, sera également supprimé dans le budget 2024. Bien que ce dispositif soit souvent jugé inefficace et coûteux par la Cour des comptes, sa suppression risque d’entraîner une baisse d’environ 30 000 constructions par an.

Malgré certaines déclarations du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, évoquant la possibilité d’assouplir le calendrier d’interdiction des logements énergivores, celui-ci a finalement fait volte-face, laissant planer un certain flou sur cette question. La situation actuelle du logement en France est donc sujette à de vifs débats et représente un véritable bras de fer entre les différents acteurs impliqués.