« Faut-il se laisser emporter par la vague du vélo en France ? »

Philippe DONNART


En France, l’utilisation du vélo est en constante augmentation, avec plus de 50% des ménages possédant au moins un vélo. Ce mode de transport connaît une popularité croissante, ce qui se traduit également par un marché en expansion, atteignant plusieurs milliards d’euros. Cette tendance démontre l’engouement des Français pour les déplacements écologiques et les efforts visant à réduire l’usage des voitures. Ainsi, le vélo devient de plus en plus présent dans le quotidien des citoyens, favorisant une meilleure qualité de vie urbaine et contribuant à la diminution de la pollution.

L’essor de ce moyen de transport présente également de nombreux avantages économiques et sociaux, tels que la création d’emplois dans l’industrie du vélo et la promotion d’un mode de vie plus actif et sain. Face aux enjeux environnementaux et aux problèmes de congestion du trafic, le vélo apparaît donc comme une solution prometteuse pour un avenir urbain plus durable.

La pratique du vélo en hausse : vers une amélioration des infrastructures

Selon une étude de l’Observatoire société et consommation (ObSoCo), la pratique du vélo connaît une hausse de fréquentation à deux chiffres depuis plus de 10 ans. En 2022, les passages à vélo ont augmenté de 13 %, en particulier grâce au développement du « vélotaf », la pratique du vélo pour aller travailler, stimulée par les vélos électriques et la crise du Covid.

Cette augmentation de la pratique du vélo pose la question des infrastructures. Actuellement, moins de la moitié des cyclistes disposent de pistes cyclables sur la majorité de leurs trajets. Le gouvernement français a donc présenté le plan interministériel « Vélo et marche 2023-2027 » avec l’objectif de réaliser 100 000 km de pistes cyclables d’ici 2030, soit le double du kilométrage actuel. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit de consacrer 1,5 milliard d’euros.

En plus d’améliorer les infrastructures, cette hausse de la pratique du vélo a également des implications économiques. En 2022, 854 000 vélos ont été assemblés dans des usines françaises, et le gouvernement ambitionne d’atteindre 1,4 million en 2027 et 2 millions en 2030.

Le vélo est également de plus en plus plébiscité par les touristes. En France, 22 millions de personnes déclarent pédaler pendant leurs vacances. Le gouvernement vise même à ravir à l’Allemagne sa place de première destination mondiale pour le vélotourisme. Les touristes à vélo sont des clients intéressants, dépensant en moyenne 68 euros par jour, contre 55 euros pour un touriste classique.

En 2020, le chiffre d’affaires généré par le tourisme à vélo était estimé à 4,6 milliards d’euros. Ce secteur connaît une croissance rapide, en particulier sur des itinéraires tels que La Loire à Vélo ou en Bretagne. Le nombre d’activités liées aux routes cyclables a également augmenté : hébergements, location de vélos, réparateurs, etc.

Mais malgré cette augmentation de la pratique du vélo, certains problèmes subsistent, notamment en ce qui concerne le transport des vélos en train. La cohabitation entre cyclistes et non cyclistes peut être tendue, et la capacité des trains à accueillir les vélos est souvent insuffisante. La SNCF s’est engagée à augmenter le nombre de places pour vélos dans les TGV, passant de 4 à 8 emplacements d’ici 2024 et 2025 pour les Ouigo.

Des expérimentations ont été mises en place dans certaines régions, telles que le bâchage des sièges pour permettre l’installation des vélos dans les TER. Cependant, le transport des vélos par rail reste un défi important. Des alternatives se développent, comme la location de vélos « one way » ou les circuits en boucle.

Pour favoriser l’utilisation du vélo au quotidien, le plan interministériel prévoit également la création de 90 000 places de stationnement sécurisées dans les 1 100 gares les plus fréquentées d’ici 2027, soit trois fois plus qu’aujourd’hui.