Les arbres résistent à la chaleur grâce à l’eau: découvrez comment

Philippe DONNART

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Selon Sylvain Delzon, un écophysiologiste travaillant à l’Inrae à Bordeaux, l’arrière-saison chaude peut avoir des effets bénéfiques sur la santé des arbres, à condition que le sol contienne une quantité suffisante d’eau pour répondre à leurs besoins.

La Végétation Face aux Températures Élevées : Quels Effets sur les Arbres ?

Après avoir connu des températures proches de 40°C à la fin du mois d’août, la végétation a été soumise à des températures supérieures à 35°C en début du mois de septembre. Au tournant d’octobre, les températures ont à nouveau flirté avec cette barre symbolique. Et maintenant, on se dirige vers les 30°C en ce deuxième week-end du mois. Les arbres peuvent-ils supporter de telles températures ?

Selon Sylvain Delzon, écophysiologiste à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), tout dépend de la quantité d’eau présente dans le sol. Sylvain Delzon est responsable de l’unité Biogeco (Inrae/Université de Bordeaux) et supervise notamment la forêt expérimentale de Floirac, située sur la rive droite de la Garonne, où l’adaptation des arbres au changement climatique est étudiée.

En cas de sécheresse prolongée, comme à la fin de l’été 2022, les arbres perdent leurs feuilles et les pins maritimes perdent leurs aiguilles afin de limiter les pertes en eau et de préserver leurs fonctions vitales. Dans ce cas, leur croissance s’arrête. Cependant, la situation est différente actuellement en Nouvelle-Aquitaine. « Il y a eu des précipitations, les sols sont généralement bien alimentés. Dans ce contexte, les températures élevées favorisent les échanges gazeux, la capture du CO2 et, finalement, la croissance des arbres. La forêt stocke donc du carbone alors qu’elle en perdait l’année dernière à la même période. On observe des conséquences similaires en agriculture, avec des récoltes de luzerne ce mois-ci, ce qui est très rare », explique le spécialiste.

Un autre phénomène à prendre en compte est celui de la dormance des végétaux, qui est déterminée par deux facteurs : les températures et la diminution de la durée des jours. Si les températures restent élevées, cela pourrait donner lieu à une sorte d’été indien, avec des arbres qui conservent leur feuillage et leurs teintes de vert. Cependant, si les températures chutent brusquement en dessous des valeurs hivernales, cela pourrait avoir des conséquences plus graves. « L’arbre doit récupérer l’azote contenu dans ses feuilles. En cas de gel – je parle bien de températures négatives – cette résorption de l’azote sera empêchée par la chute immédiate des feuilles et l’arbre subira une perte nette d’azote. Il pourra récupérer cet azote l’année suivante à travers le sol, mais cela comporte un risque. Un autre problème pourrait survenir si de telles températures persistaient au-delà du mois d’octobre. Lorsque la dormance est prolongée, le débourrement, c’est-à-dire l’éclosion des bourgeons, peut se produire de manière aléatoire, dès la mi-janvier par exemple. Une gelée ultérieure peut alors les tuer », prévient Sylvain Delzon.

Il est important de noter que ces effets sur la végétation peuvent varier en fonction des espèces. Les arbres fruitiers, par exemple, sont plus sensibles aux débourrements précoces. Certaines essences, comme les cerisiers, peuvent être déroutées par les conditions météorologiques anormales qui prévalent depuis l’équinoxe.