Loup : passions déchaînées dans le nouveau plan national

Philippe DONNART


Le plan national d’action loup 2024-2029 a été présenté aux associations environnementales ainsi qu’aux agriculteurs, ce qui a suscité des réactions passionnées. Avant d’entrer en vigueur, ce plan devra d’abord être soumis à une consultation publique.

Le nouveau plan loup vivement critiqué par les ONG

Le Groupe national loup, composé d’élus ainsi que de représentants des associations environnementales et des syndicats agricoles, est connu pour ses réunions tendues. Cependant, le 18 septembre à Lyon, la tension est montée d’un cran. Fabienne Buccio, ancienne préfète de la Nouvelle-Aquitaine et actuelle préfète de la préfecture Auvergne-Rhône-Alpes, a eu la lourde tâche de présenter le nouveau plan d’action 2024-2029 à ce groupe. En conséquence, les ONG de protection de la nature ont claqué la porte de la réunion.

France Nature Environnement (FNE), Ferus, Humanité et Diversité, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’Association de protection des animaux sauvages (Aspas) et le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont unanimement dénoncé une vision unilatérale qui accorde la priorité à l’élevage plutôt qu’à la protection de l’espèce. En réponse, elles ont annoncé leur retrait définitif. Du côté agricole, que ce soit la Confédération paysanne, la Fédération nationale ovine ou la FNSEA, il n’y a pas eu d’enthousiasme non plus. En résumé, presque tout le monde est sorti mécontent de cette réunion. Il était inévitable que cela se produise, compte tenu de la passion qui entoure ce dossier.

L’espèce bientôt déclassée ?

Avant d’entrer en vigueur, le plan devra être soumis à une consultation publique qui pourrait entraîner des modifications. Cependant, nous connaissons déjà les principales évolutions par rapport au plan précédent de 2018-2023, qui arrive à échéance. Pour la première fois, la possibilité de déclasser l’espèce est évoquée. En effet, le loup, Canis lupus, est strictement protégé en France et en Europe au sens de la convention de Berne. Cependant, entamer ce statut est une question très controversée. Tout dépend de la perspective adoptée. En France, les quelque 1 100 loups recensés peinent à constituer une population stable, tandis qu’en Europe, ils sont abondants à l’est et au nord du continent.

Répartition inégale

La présence du loup et les dommages causés aux troupeaux sont très inégalement répartis en France. C’est dans l’arc alpin que la coexistence entre les meutes de loups et le monde agricole est la plus problématique. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur ont enregistré plus de 10 000 des 12 500 têtes de bétail tuées par des loups en 2022. Dans le nouveau plan national, il est proposé un assouplissement du protocole des tirs de défense. Dès la première attaque sur un troupeau, deux ou même trois tireurs pourraient être autorisés à tuer l’animal, contrairement à une seule autorisation jusqu’à présent. De plus, des lunettes thermiques seraient mises à disposition par les préfectures et les louvetiers seraient rapidement déployés dans les zones où le loup se manifeste. Cependant, malgré la demande de la Confédération paysanne, le territoire national dans son ensemble ne serait pas qualifié de « cercle 3 », c’est-à-dire une zone où les loups pourraient s’installer durablement.

Il reste à voir quelle sera la suite des événements et si des mesures satisfaisantes pourront être trouvées pour concilier les intérêts des éleveurs et la préservation de l’espèce.