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Philippe DONNART


L’extension croissante de la forêt métropolitaine a des conséquences négatives sur son bien-être. Parmi les différentes espèces de cette forêt, l’épicéa est la plus affectée par la mortalité. Selon l’Institut national de l’information géographique et forestière, plusieurs explications sont avancées pour expliquer cette situation.

La forêt française confrontée à une augmentation de la mortalité des arbres de près de 80 % en dix ans

L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) a annoncé jeudi que la forêt française avait vu sa mortalité augmenter de « près de 80 % en dix ans » en raison du changement climatique.

D’après l’inventaire national forestier réalisé par l’IGN à partir de mesures collectées sur près de 70 000 sites d’observation entre 2018 et 2022, la mortalité des arbres en France métropolitaine a considérablement augmenté pour atteindre 13,1 millions de mètres cubes par an entre 2013 et 2021, contre 7,4 millions de mètres cubes/an durant la période 2005-2013.

« La surface forestière touchée actuellement par le dépérissement est équivalente au cumul des surfaces touchées par les incendies de ces trente-cinq dernières années », souligne l’IGN.

Cette accélération de la dégradation de l’état de santé des forêts est directement liée aux changements climatiques, notamment aux températures plus élevées et aux sécheresses plus fréquentes. Ces conditions favorisent la prolifération des bioagresseurs tels que les scolytes, des insectes xylophages qui ont décimé les peuplements d’épicéas dans la région du Grand Est.

La mortalité touche même les zones humides

L’épicéa commun, principale essence exploitée en France pour la qualité de son bois destiné à la construction, est désormais l’essence la plus touchée par la mortalité, devant le châtaignier et le frêne. La production de bois d’épicéa, c’est-à-dire le bois produit par la croissance des peuplements, est désormais inférieure aux coupes et aux arbres morts, en particulier en raison de l’ampleur des coupes sanitaires pratiquées pour limiter la propagation des scolytes.

De manière générale, l’étude de l’IGN met en évidence un ralentissement de la croissance des arbres, même dans des régions censées bénéficier de ressources hydriques abondantes, ce qui s’explique par une diminution plus importante des précipitations en France.

31 % du territoire français couvert par la forêt

La croissance des arbres a ralenti, passant de 91,5 millions de mètres cubes/an entre 2005 et 2013 à 87,8 millions de mètres cubes/an entre 2013 et 2021, soit une baisse significative de 4 %, selon les données de l’IGN.

Cependant, malgré ces problèmes de mortalité et de ralentissement de la croissance, la forêt continue de s’étendre en France métropolitaine. Elle couvre désormais 31 % du territoire français, soit 17,3 millions d’hectares, contre 19 % avec 10 millions d’hectares en 1908.

Cette expansion de la forêt est cruciale pour la biodiversité, la régulation du climat et la production de biomasse. Il est donc essentiel de prendre des mesures pour préserver et restaurer la santé des forêts françaises, notamment en améliorant la gestion forestière, en favorisant une diversité d’essences d’arbres et en renforçant les mesures de lutte contre les bioagresseurs tels que les scolytes.

Une menace pour la capacité de la forêt à absorber le CO2

La détérioration de la santé de la forêt a également réduit sa capacité à absorber le dioxyde de carbone (CO2), ce qui entraîne un ralentissement du puits de carbone des forêts françaises. Ce puits de carbone s’établit désormais à 40 millions de tonnes de CO2 par an entre 2013 et 2021. Dans les régions touchées par les scolytes, le bilan net devient temporairement négatif.

Il est crucial de trouver des solutions pour préserver et restaurer la vitalité de la forêt française, car celle-ci joue un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en absorbant le CO2 et en stockant le carbone. De plus, la forêt est un écosystème précieux qui abrite une biodiversité unique et fournit de nombreux services écosystémiques tels que la purification de l’air et de l’eau, l’amélioration de la qualité des sols et la protection contre l’érosion.

Les organismes de recherche, les gestionnaires forestiers, les décideurs politiques et la société dans son ensemble doivent travailler ensemble pour développer des stratégies et des mesures efficaces afin de sauvegarder nos forêts face aux défis du changement climatique.