Permis de construire en chute : l’immobilier neuf vacille en 2023

Philippe DONNART

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Le ministère de la Transition écologique a récemment rendu public un rapport contenant les données statistiques relatives aux permis de construire qui ont été délivrés au cours de la période allant d’octobre 2022 à septembre 2023. Les chiffres révèlent une baisse progressive du nombre de logements neufs autorisés, ce qui suscite l’inquiétude parmi les professionnels du secteur de la construction.

L’immobilier neuf en crise : une baisse du pouvoir d’achat et des coûts de construction

Le président de la Fédération des promoteurs immobiliers, Pascal Boulanger, exprime sa profonde inquiétude quant à la situation actuelle de l’immobilier neuf. Selon lui, « Il ne se passe rien, rien, rien… On a touché le fond ». En effet, le secteur de l’immobilier neuf est confronté à deux problèmes majeurs : la forte baisse du pouvoir d’achat des acquéreurs et l’augmentation des coûts de construction.

Nous sommes désormais en plein cœur de la crise, et la situation est aggravée par la hausse des taux d’intérêt. La politique monétaire adoptée par les banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE), pour lutter contre l’inflation a eu pour conséquence paradoxale d’exclure bon nombre de ménages du marché, en particulier les primo-accédants à la propriété. Il est de plus en plus difficile d’obtenir un prêt bancaire, et les ménages sont prudents face à une menace sur leur pouvoir d’achat. De plus, les différentes crises internationales ont fait bondir les prix des matières premières et des matériaux de construction, sans oublier le durcissement des réglementations environnementales pour les projets immobiliers neufs, entraînant ainsi des coûts supplémentaires.

Les statistiques gouvernementales indiquent que le nombre de nouveaux logements autorisés entre octobre 2022 et septembre de cette année s’élève à 371 000, soit une baisse de 28% par rapport à l’année précédente. Depuis août 2022, le nombre de permis de construire délivrés stagne à un niveau très bas de 30 000 par mois, ce qui entraîne logiquement une diminution des ouvertures de chantier.

Tous les types de construction sont touchés

Les ouvertures de chantiers de maisons individuelles sont au plus bas depuis l’an 2000. La chute concerne tous les types de logements : -32% pour les maisons individuelles (pavillons) ; -28% pour les logements individuels groupés (lotissements) ; et la même baisse pour les logements collectifs. Cette crise pourrait entraîner la perte de 150 000 emplois dans le secteur immobilier d’ici 2025. Les professionnels du bâtiment blâment la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, considérant qu’ils sont, avec les ménages, les victimes collatérales de la politique de hausse des taux d’intérêt visant à lutter contre l’inflation. En quelque sorte, la crise alimente la crise.

Malgré le contexte difficile, l’immobilier neuf doit se réinventer et trouver des solutions pour relancer le marché. Certaines mesures sont envisagées, notamment une réduction des coûts de construction, une facilitation de l’accès au crédit immobilier et une adaptation aux nouvelles normes environnementales. La clé pour sortir de cette crise réside dans l’innovation et l’adaptation aux nouvelles demandes des acquéreurs, tout en restant conscient des défis économiques et environnementaux auxquels le secteur est confronté.

En conclusion, l’immobilier neuf traverse une période critique, confronté à des problèmes de pouvoir d’achat et de coûts de construction. Les acteurs du secteur doivent faire preuve de créativité et de résilience pour surmonter cette crise et trouver des solutions durables pour l’avenir.