Salaires absurdes : Les minima sous le smic ruinent notre pouvoir d’achat

Philippe DONNART


Lors de la conférence sociale sur les bas salaires qui aura lieu lundi, l’un des sujets abordés sera les grilles salariales qui déterminent les rémunérations les plus faibles dans chaque profession. Il est à noter que de nombreux secteurs, tels que les laboratoires d’analyses médicales, accordent des salaires inférieurs au SMIC. Cela soulève donc des préoccupations quant à la juste rémunération des travailleurs dans ces domaines.

Les syndicats veulent revoir les minima de branches lors de la conférence sociale sur les bas salaires

Les syndicats ont soulevé la question des minima de branches lors de la conférence sociale sur les bas salaires qui s’est tenue le 16 octobre entre les syndicats et le gouvernement, au Conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris. Les minima de branches sont les salaires les plus bas fixés pour chaque profession. Cependant, la moitié des branches ont un minimum salarial inférieur au SMIC, ce qui pose problème. Les laboratoires d’analyses médicales en font partie, avec sept niveaux de salaire situés en dessous du salaire minimum légal. Cela affecte diverses professions, des agents d’entretien aux secrétaires en passant par les informaticiens et les coursiers, qui sont tous rémunérés au SMIC, soit 1 747 euros bruts par mois.

« De temps en temps est tombée une prime »

De plus en plus d’employés des laboratoires d’analyses médicales quittent leur poste pour trouver un meilleur salaire ailleurs. C’est le cas de Mathilde, technicienne, dont le poste à bac+2 commence également au SMIC. Elle explique : « J’ai voulu déménager pour me rapprocher de mon travail. Sauf que vu mon salaire, je ne pouvais rien avoir. Ou alors il fallait que je parte en colocation, ou que je fasse un prêt. »

Jocelyne, technicienne de 52 ans, se considère quant à elle mieux lotie avec un salaire net de 2 500 euros par mois, négocié au cours de ses premières années. Cependant, en y regardant de plus près, ses fiches de paie n’ont pas évolué. Elle constate : « 240 euros nets de plus par mois en quatorze ans. J’ai moins de pouvoir d’achat, je suis moins à l’aise qu’il y a treize ans. C’est fou quand même ! De temps en temps est tombée une prime. Une prime Covid, les primes Macron, là… mais c’est tout. »

Le gel des négociations dans la branche depuis près d’un an rend les choses encore plus difficiles. Malgré les bénéfices considérables réalisés pendant la pandémie de Covid, les employeurs des laboratoires d’analyses médicales expliquent qu’ils doivent d’abord rembourser ce que leur demande l’assurance-maladie. Résultat : les grilles de salaires ne sont pas mises à jour ou très peu, alors que le SMIC et l’inflation continuent d’augmenter. Étienne Leclerc estime que « la grille perd ses raisons d’exister, c’est-à-dire que l’échelonnement des qualifications et des compétences n’a plus aucun sens. Nos salaires n’ont plus aucun sens aujourd’hui. »

Des changements à venir

L’augmentation du SMIC prévue en janvier prochain devrait porter la branche de 7 à 9 échelons en dessous du salaire minimum. Certains syndicats, comme la CFDT, demandent des sanctions à l’encontre des entreprises dont les grilles de salaires sont inférieures au SMIC, par exemple en les privant d’aides publiques ou d’exonérations de cotisations. Cette revendication vise à inciter les employeurs à revoir leurs minima de branches pour garantir des conditions de travail plus justes et des salaires décents pour tous les employés des laboratoires d’analyses médicales.