Surveillance en Égypte & Désinformation : Cybersécurité pointue !

Philippe DONNART


Chaque jour, les membres du club des correspondants analysent la manière dont un événement d’actualité spécifique se manifeste dans différentes régions du globe.

La révolution numérique et les enjeux de cybersécurité en Egypte et dans les pays baltes

La cybersécurité est devenue un enjeu majeur dans le contexte de la révolution numérique. Avec la croissance exponentielle de l’utilisation d’Internet, de nombreuses menaces pèsent sur les pays du monde entier. L’Egypte et les pays baltes, à savoir l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie, sont particulièrement concernés par ces enjeux de cybersécurité.

L’Egypte : un carrefour stratégique vulnérable

L’Egypte joue un rôle crucial en tant que carrefour entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe. En effet, le pays héberge entre 17 et 30% du trafic mondial d’Internet, ce qui en fait le deuxième pays au monde en termes de volume de données transitant par ses câbles sous-marins. Cependant, cette position avantageuse expose également l’Egypte à des vulnérabilités considérables.

Le régime militaire du maréchal Sissi, qui prône la stabilité, serait grandement mis en difficulté si des acteurs étrangers venaient à voler les données personnelles des Egyptiens. En effet, dans sa volonté de moderniser le pays, le gouvernement prévoit de numériser ses services publics afin de les rendre accessibles aux 110 millions de citoyens. Cependant, certaines lacunes en matière de cybersécurité sont déjà visibles sur des sites officiels, comme celui du parlement égyptien, qui affiche la mention « ce site n’est pas sécurisé » dans la barre d’URL.

En plus des menaces externes, l’Egypte doit également faire face à des problèmes internes. Une loi votée en 2021 autorise le régime égyptien à surveiller massivement les réseaux sociaux, une mesure qui était déjà en vigueur pendant l’état d’urgence entre 2017 et 2021. Ainsi, le pays cherche non seulement à se protéger des cyberattaques externes, mais également à contrôler numériquement sa propre population.

Les pays baltes : pionniers de la cyberdéfense

Les pays baltes, quant à eux, ont acquis une solide expertise en matière de cyberdéfense depuis l’attaque informatique majeure qu’a subie l’Estonie en 2007. Cette attaque, orchestrée par la Russie en représailles au déplacement d’une statue soviétique, a été un véritable choc pour la région. Depuis lors, les pays baltes sont à la pointe de la lutte contre les cybermenaces.

Chaque mois, l’armée lituanienne publie un rapport sur les incidents de désinformation liés à l’Ukraine, à la Biélorussie et à l’OTAN. Ces cas visent à semer le doute sur l’OTAN et à diminuer la confiance envers l’organisation. Au cours du premier semestre 2023, près d’un tiers des incidents cyber étaient liés au phishing, une technique visant à obtenir des mots de passe.

Depuis l’attaque de 2007, l’Estonie a mis en place à Tallinn un centre d’excellence de l’OTAN dédié à la cyberdéfense. Chaque année, de nombreux pays participent à des exercices visant à renforcer leurs capacités de réaction face aux cyberattaques. En 2018, la Lituanie a pris l’initiative de créer une cyberforce européenne de réaction rapide, chargée de développer des outils pour la cyberdéfense.

En conclusion, l’Egypte et les pays baltes font face à d’importants défis en matière de cybersécurité. Tous deux doivent trouver des solutions pour protéger leurs infrastructures et leurs populations des cybermenaces croissantes. La coopération internationale et les investissements dans la formation et les technologies de pointe seront essentiels pour relever ces défis avec succès.