Taxe streaming : la musique abandonnée ?

Philippe DONNART


Il y a eu des désaccords au sein du secteur de la musique concernant les méthodes de financement du Centre national de la musique (CNM). Dans cette situation, le gouvernement est intervenu et il est possible que les acteurs du secteur soient contraints de payer une taxe sur le streaming, une mesure qu’ils redoutent grandement.

Le gouvernement français abandonne la musique : la filière musicale dénonce l’absence d’avancée sur la taxe sur le streaming

Dans un communiqué publié le vendredi 13 septembre, trois organisations de la filière musicale française expriment leur mécontentement face à l’abandon du gouvernement sur la question de la taxe sur les revenus du streaming. Elles se déclarent favorables à cette taxe et déplorent le manque de progrès sur le sujet.

Au cours de la Fête de la musique, le 21 juin dernier, le président Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité de mettre en place une taxe sur les revenus du streaming si la filière musicale ne trouvait pas de nouvelles sources de financement pour le Centre national de la musique (CNM). La date limite était fixée au 30 septembre. Passée cette échéance, le gouvernement se réservait la possibilité de demander une contribution obligatoire des plateformes de streaming, annonçait un communiqué de l’Élysée.

L’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI), le Syndicat des musiques actuelles (SMA) et le Syndicat national du spectacle musical et de variété Prodiss dénoncent aujourd’hui l’absence de décision du gouvernement. Ces trois organismes soutenaient le rapport de l’ancien sénateur Julien Bargeton (Renaissance), publié en avril, qui proposait une taxe de 1,75% sur les revenus du streaming musical payant et gratuit financé par la publicité.

« Le pire scénario possible »

L’UPFI, le SMA et le Prodiss craignent maintenant que le gouvernement n’adopte « le pire scénario possible », celui de l’attentisme. Au-delà de leurs inquiétudes concernant l’inertie du projet, ces trois organismes redoutent également que l’idée d’une taxe obligatoire se transforme en une simple contribution volontaire. « Ce ne serait pas équitable », a déclaré Malika Seguineau du Prodiss lors d’une conférence de presse.

La question de la taxe sur le streaming divise la filière musicale française depuis plus d’un an. Vendredi, lors du festival musical parisien du MaMA, une nouvelle image de division a été présentée. Un grand débat était prévu pour discuter de toutes les opinions sur ce sujet, mais l’UPFI, le SMA et le Prodiss ont refusé d’y participer, jugeant que cela n’avait « aucun sens » en l’absence d’une décision gouvernementale.

D’autres acteurs de la filière, qui s’opposent au rapport Bargeton, comme Bertrand Burgalat, président du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep), et Antoine Monin, responsable de Spotify France et représentant du Syndicat des éditeurs de service de musique en ligne (ESML), sont toutefois intervenus lors de l’événement. Antoine Monin s’est notamment déclaré ouvert à une contribution volontaire, en précisant que l’objectif est de satisfaire la demande de l’État, sans fournir plus de détails alors que « des discussions sont en cours ».