Violences écologiques : réponse à une injustice démocratique ? L’avis de Lucile Schmid

Philippe DONNART

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Lucile Schmid, vice-présidente de la Fabrique écologique, sera présente lors du prochain débat des Tribunes de la presse pour discuter des violences commises au nom de l’urgence écologique. Elle défendra une position nuancée sur le sujet.

Violences lors de manifestations écologiques : une remise en question de la démocratie ?

La question de la légitimation des violences commises lors de manifestations appelées au nom de l’urgence écologique est au cœur d’un débat des Tribunes de la presse. Il est vrai que la démocratie telle qu’elle fonctionne permet difficilement de prendre en considération l’élévation du niveau d’ambition écologique. Les politiques publiques de la France ne sont malheureusement pas à la hauteur des engagements pris à la COP21 de 2015, ce qui soulève la question de l’accusation de violence aux insurrections citoyennes, telles que celles des Soulèvements de la Terre. Ces mouvements ne seraient-ils que la réponse à une violence institutionnelle ?

Ces violences contre des biens publics remettent en cause des institutions qui n’ont pas tenu leurs promesses. Il y a une violence démocratique faite à la nature et aux générations futures qu’on se refuse à voir, mais qui est bien réelle. Certes, la marche à franchir est très haute et force est de constater que la France a tardé à agir en matière de lutte contre le dérèglement climatique. L’urgence écologique est pourtant bien là et il est essentiel pour la démocratie de savoir s’adapter aux circonstances en rejetant le conservatisme.

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Il est difficile de justifier les débordements violents lors de manifestations, même si l’écologie n’est plus une affaire sectorielle. La démocratie doit se retrouver à l’échelle locale, mais aussi globale et nationale pour articuler le niveau d’ambition des politiques publiques. Les mouvements écologistes doivent participer à cette démocratie et ne pas se méfier excessivement des institutions, comme cela a pu être le cas avec la Convention citoyenne pour le climat, dont les propositions n’ont pas réussi à s’inscrire dans la loi.

Ainsi, comment sortir de l’entre-soi, conquérir les sceptiques et repenser la question du leadership dans un processus de décision plus large ? Comment éviter les violences lors de manifestations ?

Les écologistes doivent conquérir les sceptiques, repenser la question du leadership et accepter un processus de décision plus large, tandis que les élus doivent se former et cesser de penser à court terme. Il faut placer l’écologie au centre, même dans les moments de décision. Il est essentiel de proposer et de faire des compromis, à condition que l’objectif à atteindre ne soit pas déjà un compromis en soi. Le débat au sujet des violences lors de manifestations écologiques est crucial pour l’avenir de notre démocratie, mais aussi pour l’avenir de notre planète et des générations futures.

Faut-il recourir à la violence pour faire entendre un message écologiste ? Peut-on vraiment changer les politiques publiques en recourant à des manifestations violentes ? Voilà des questions auxquelles nous allons tâcher de répondre dans la suite de cet article, en analysant plus en profondeur les implications de ces mouvements, mais aussi en mettant en lumière des solutions alternatives pour faire entendre la voix des mouvements écologistes. Par ailleurs, nous nous intéresserons aux avancées législatives et politiques récentes qui pourraient signaler un tournant dans la prise en compte de l’urgence écologique par nos gouvernements.